Barcelone : pourquoi (presque) tous les expats deviennent influenceurs ?

influenceurs insta

Cadres dans la finance ou recruteurs dans la vie, à peine certains expats ont-ils posé un pied dans la cité comtale que les voilà, aussi, devenus stars des réseaux. Mais pourquoi et comment ce mystérieux phénomène fonctionne-t-il ?

Photo : Equinox

« 5 spots inratables où bruncher à Barcelone », « Un jour dans ma vie d’expat à Barcelone », « Ces choses qu’il ne faut surtout pas faire quand on vit à Barcelone »… Quiconque possède un compte Instagram et vit à Barcelone a déjà vu – par la force de l’algorithme – ces vidéos d’expats devenus influenceurs sur les réseaux sociaux depuis leur arrivée dans la capitale catalane.

Changer de pays peut changer une personnalité. En traversant la frontière, la plupart des expats démarrent une nouvelle vie et développent des hobbies qu’ils n’avaient pas auparavant : céramique, musique, et parfois, réseaux sociaux. L’idée de devenir une personnalité publique n’avait pas traversé l’esprit de Laurelenn avant d’arriver à Barcelone. Et pourtant, quelques mois après ce nouveau départ, elle ouvre en janvier 2025 @bcnhuntie, un compte sur lequel elle poste ses adresses préférées.

Un projet qu’elle préparait « depuis plusieurs mois » et qu’elle a finalement consenti à réaliser face aux sollicitations de ses proches, « d’amis d’amis ou de connaissances de passage à Barcelone. C’était l’occasion parfaite de mener à bien mes idées tout en aidant les gens à découvrir des endroits sympas ». Une activité en parallèle de son travail de recruteuse, et en adéquation avec un esprit de vivre à la barcelonaise, où la plupart des gens cumulent les activités.

C’est que dans la cité comtale, la balance entre vie pro et vie perso est respectée et laisse du temps pour s’ouvrir à d’autres projets, souvent créatifs. Lina, du compte @mytastybowls, n’est pas non plus influenceuse à plein temps. Arrivée à Barcelone après le Covid, cette Parisienne d’origine a lancé son compte en plusieurs temps, nous raconte-t-elle : « j’ai d’abord partagé des recettes et des conseils, avant de me tourner vers mes adresses coup de cœur. Et puis, un jour, une de mes vidéos de restaurant a explosé avec plus de 700 000 vues sur Instagram et TikTok. Ça a été le déclic : j’ai décidé de me spécialiser dans la recommandation de restaurants healthy et créatifs à Barcelone. Et il y a de quoi faire ici ». À l’instar de Laurelenn, Lina a commencé par amour de la nourriture, mais pas que.

Poster pour s’intégrer

Une des plus grandes problématiques auxquelles sont confrontées les expats, c’est l’intégration. Comment recréer rapidement des racines dans son pays d’adoption et fonder des liens durables avec des locaux ? Pour Lina, les réseaux servent aussi à ça : « plutôt qu’un moyen de combattre la solitude, c’est surtout une façon de m’intégrer à la communauté barcelonaise et de donner envie aux gens d’explorer la scène culinaire de la ville. C’est un échange : je découvre, je partage, et ça crée du lien », raconte la trentenaire. Lorsqu’on peine à retrouver une communauté, autant commencer à créer la sienne : on n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est pour cette raison que Lina poste en anglais et en espagnol, espérant toucher le plus de locaux et d’autres expats possible.

 

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Si les deux Françaises ont choisi de documenter la gastronomie barcelonaise, ce n’est pas le cas de tous les expats. À Barcelone, on peut aussi citer le compte d’Eve @lesbabiesdebarcelona où elle partage sa vie de maman et ses bons plans, ou Charlène de @vino_chacha_ qui s’intéresse plutôt au domaine du vin.

Toutes conseillent aux utilisateurs des produits ou des adresses, sans forcément être rémunérées. Mais mise à part Eve, peu font du vrai contenu lifestyle, ce qui est pourtant la partie principale des réseaux sociaux.

C’est qu’il est difficile de se faire une place sous le soleil des réseaux sociaux. Les reines (et expats) incontestées de Barcelone ? Les @ordatwins. Ces deux Polonaises, installées depuis des années, distillent une image de rêve, entre plages et tapas. Un succès à 129 000 followers, preuve que vendre du soleil virtuel peut rapporter gros.

Alors que depuis le début du siècle, le nombre d’expatriés dans la ville a quadruplé, qui sait si parmi eux ne se trouve pas la prochaine pépite française qui pourra concurrencer les Polonaises ?

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