Différences de salaire, de santé, d’accès à certains postes… En Espagne, l’égalité des genres au travail n’est pas pour demain. Elle est même pour dans 36 ans, rapporte l’association ClosinGap.
Photo : Clémentine Laurent
Tous les ans depuis 2020, l’association ClosinGap, spécialiste de « la brèche entre les genres », effectue une enquête pour déterminer l’évolution de l’égalité femmes-hommes en Espagne, selon cinq critères : emploi, éducation, équilibre vie pro/perso, numérisation, santé et bien-être.
Pour l’année 2024, bonne nouvelle : l’écart entre les hommes et les femmes s’est réduit de 0,8 %. Une augmentation notable mais qui ne va pas assez vite. L’égalité, c’est-à-dire 100% de parité dans tous les domaines, ne sera atteinte qu’en 2061.
Un des grands sujets de l’enquête est celui de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Ce chiffre s’est considérablement amélioré au fil des années puisque le nombre de femmes inactives à cause des tâches ménagères a diminué en 2024. Une réussite que l’on peut attribuer aux changements de mentalité dans la société, menant à une meilleure répartition des rôles dans le foyer.
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Une autre bonne nouvelle concerne la digitalisation. En effet, de plus en plus de femmes occupent des postes-clés dans le domaine des STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). L’amélioration se reflète aussi dans l’éducation, où l’écart reste stable à 69,9 % depuis 2023. Cette cinquième édition est par ailleurs la première année où l’augmentation des femmes dans les écoles de STEM est enregistrée.
La seule petite ombre au tableau réside dans le domaine de la santé et le bien-être. Malgré une parité déjà élevée, l’écart s’est creusé de 0,2 % en 2024, en raison d’un risque accru de pauvreté et d’une baisse des années de bonne santé pour les femmes.
L’égalité, une question financière
Ces différences ont un impact sociétal, évidemment, mais aussi financier. Si les écarts entre les hommes et les femmes sur le marché du travail étaient comblés (en termes de participation, d’heures de travail et de productivité), l’économie espagnole pourrait croître de 255 755 millions d’euros, ce qui équivaut à 17,1 % du PIB en 2023.
Une preuve que l’égalité – s’il fallait encore le justifier – profiterait à toute la société. De manière globale, l’Espagne reste loin de l’égalité totale, mais elle est mieux placée que d’autres pays. En France, par exemple, l’égalité salariale ne sera acquise qu’en 2069, selon les prévisions. Et à l’échelle planétaire, il faudra 300 ans pour atteindre l’égalité parfaite dans tous les domaines.