Le centre civique Pati Llimona présente l’exposition « Eroding Franco » du photographe Barcelonais Jordi Jon jusqu’au 15 mars. Un moyen de faire un lien entre la désertification de l’Espagne et l’héritage environnemental du franquisme.
Photo : Jordi Jon
Le plus grand arbre d’Andalousie est aujourd’hui maintenu en vie artificiellement, c’est l’une des nombreuses informations sur la désertification du territoire espagnol que nous apprend « Eroding Franco » au travers d’une vingtaine de clichés.
Dans cette exposition à voir jusqu’en mars, photos récentes et archives retracent l’histoire environnementale de l’Espagne depuis la dictature franquiste. Le photographe, spécialisé dans le journalisme environnemental et qui travaille notamment avec National Geographic présente un travail de photographie documentaire captivant.
Tenant dans une seule salle du centre civique, l’exposition est simple, mais elle est efficace : la qualité des œuvres prime sur la quantité. La visite est gratuite sans réservation et ne prend pas plus d’une heure, attention toutefois à bien faire le tour de la pièce pour ne rien manquer, certaines photos sont moins mises en évidence que les autres.
Les œuvres, ainsi que les indispensables cartels qui les accompagnent (en 3 langues : catalan, espagnol, anglais) permettent de faire un lien entre le « miracle économique » du franquisme et la désertification actuelle de l’Espagne.
Photo : EB / Equinox
Saviez-vous que l’Espagne était le pays avec le plus de piscines privées, avec 1 pour 35 habitants ? Ou bien qu’un touriste consommait en moyenne 3 à 4 fois plus d’eau quotidiennement qu’un local ?
Tout en donnant ces informations, le photographe nous rappelle le contexte de la dictature, durant laquelle toute l’économie du pays était tournée vers l’expansion du tourisme et des grandes villes côtières. Cela permet de comprendre que la péninsule ibérique subisse aujourd’hui de grandes sécheresses et que certaines zones moins attractives soient laissées à l’abandon.
Cimetières sous l’eau et rivière devenue terrain de foot
Certaines photos prises du ciel sont choquantes : elles montrent des paysages désertiques, mais également des zones remplies de logements touristiques, tous avec piscines. La particularité de l’exposition, c’est qu’elle présente également les conséquences sociales de l’impact environnemental du franquisme.
Photo : Jordi Jon
Un cimetière englouti sous l’eau, un camp de concentration transformé en parc aquatique, une rivière devenue terrain de foot pour ses habitants : tout cela peut sembler sorti d’une dystopie, pourtant, il s’agit bien de la réalité espagnole, montrée par Jordi Jon.
Comme l’exposition est construite avec l’aide de graphistes et composée d’archives, son contenu, au-delà d’être très esthétique, est très varié tout en restant cohérent. « Eroding Franco », c’est l’occasion de comprendre finement l’héritage laissé par des décennies de croissance économique basée sur le tourisme de masse.
Les photos, touchantes et insolites, attirent l’oeil et les cartels explicatifs rendent la compréhension accessible à tous, en remettant chaque cliché dans son contexte. Ainsi, pas besoin de connaître l’histoire du pays pour apprécier le documentaire photo. L’exposition, particulièrement accessible par sa gratuité, son plurilinguisme et son approche pédagogique, invite à la réflexion et montre un aspect méconnu de l’Histoire espagnole.
Plus d’infos sur le site du centre civique Pati Llimona.