À Barcelone, la mairie chasse les fêtards en série

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Après le centre historique de Barcelone, c’est au tour du quartier de l’Eixample d’interdire les barathons. Une mesure grandement attendue par les associations de voisins, ulcérés par les nuisances dues à ce tourisme festif.

Photo de couverture : GT / Equinox

21h, jeudi soir dans l’Eixample. Une silhouette traverse le passage piéton, puis trois, puis dix puis trente : un troupeau de jeunes touristes ivres se baladent dans le quartier, allant de bar en bar jusqu’à finir la soirée en boîte de nuit. C’est la tournée des bars, « pub crawls » en anglais, aussi appelés « rutas de borrachera » (routes de l’ivresse) en espagnol.

Véritable plaie pour le voisinage, ce genre de fête itinérante va être interdit dans le quartier de l’Eixample, a décidé la mairie de Barcelone. Déjà en 2012, sous la pression des associations de voisins, le concept avait été prohibé dans la Ciutat Vella, le centre historique de la ville.

Dans l’Eixample, l’interdiction sera effective dès le 1er juin, et ce pour deux ans. Le décret du maire restreint complètement ces activités de 19 heures à 7 heures du matin et interdit également tout type de publicité à leur sujet. Parmi les raisons qui justifient la mesure, il y a « l’incompatibilité de ces itinéraires avec la coexistence civique, en particulier en ce qui concerne la libre circulation des personnes, et le repos des voisins « .

Giovanni, jeune Italien qui vit dans la rue Enric Granados – une des plus bruyantes de la ville – depuis 6 mois, estime que cette mesure va aider, mais pas supprimer totalement les bruits :  « en ce moment, même en semaine, il y a du bruit jusque tard dans la nuit, avec des fêtards qui célèbrent leurs anniversaires. Je pense que ça va aider à avoir le sommeil plus tranquille. Peut-être que les gros groupes vont sortir de Granados et ça c’est bien, mais les gens qui sortent des clubs feront toujours du bruit, donc ça va changer mais pas trop ».

Si l’interdiction marque une victoire pour les riverains de l’Eixample, leur confiance dans le respect de l’ordre reste limitée. Après tout, les terrasses chauffées des restaurants et des bars, interdites depuis janvier, sont encore bien présentes. De quoi s’interroger sur la réelle application des nouvelles règles.

La Barceloneta : noeud de la fête

Et si l’Eixample se débarrasse de ces groupes, la fête, elle, ne s’arrête pas. La Barceloneta, où se trouvent les clubs phares comme le Pacha, l’Opium et le Shôko, risque de devenir encore plus le point central du tourisme festif.

Le Pub Crawl Barcelona, une entreprise dédiée à l’organisation de ces événements, ne semble en effet pas inquiet par cette nouvelle interdiction : « de toute manière, tout se passe à la Barceloneta, c’est là où sont les grosses boîtes de nuit comme le Pacha, l’Opium ou le Shôko« .

discothèques en Catalogne

Même son de cloche à l’auberge Urbany Hostels, située près de la Plaça Universitat, qui propose aussi ce genre de tours. Contactée par Equinox, l’enseigne n’est pas au courant de ces nouvelles mesures et n’a pas encore réfléchi à sa stratégie. Mais elles n’auront pas de fort impact sur l’activité commerciale, nous explique la responsable : « pour nous, ces offres ne sont que du bonus que l’on propose aux clients, ce n’est pas notre fond de commerce. Et j’imagine qu’on va se déplacer sur la Barceloneta, ça ne change pas grand chose ».

Une Barceloneta déjà surchargée par la fête, et qui finira peut-être elle aussi sur la liste noire de la mairie. Jusqu’à quel point peut-on déplacer le problème ?

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