Augmentation des squats, ce phénomène qui terrorise les propriétaires en Espagne

Le nombre de plaintes pour occupation illégale de logements en Espagne a augmenté de 7,4 % en 2024, atteignant 16 426 cas. Mais ces chiffres ne mesurent pas le phénomène des locataires mauvais payeurs. Etat des lieux. 

Le nombre de squats a été multiplié par cinq en cinq ans dans la péninsule ibérique. La Catalogne est particulièrement concernée, puisque les signalements y ont doublé en dix ans, dépassant aujourd’hui le total combiné de Madrid, de l’Andalousie et de la Communauté valencienne. Avec 7009 plaintes enregistrées, la région concentre 42 % des cas recensés dans le pays.

Les raisons évoquées par les professionnels ? En grande partie, « la présence historique d’une forte communauté anarchiste » à Barcelone et sa banlieue, et, en marge, la surpopulation et l’augmentation du prix des logements.  Pour l’avocate spécialisée Arantxa Goenaga, certains squatteurs, dits « okupas », utilisent cette alternative comme une solution temporaire face à une crise du logement persistante ou comme un refus politique de la spéculation immobilière.

Mais le phénomène englobe également une dimension plus inquiétante : des réseaux exploitent cette vulnérabilité pour sous-louer illégalement des biens ou les utiliser à des fins criminelles, comme les fameux narco-appartements dont Barcelone peine à se débarrasser depuis des années.

Les locataires qui ne paient plus

Mais c’est une autre tendance qui alarme désormais les propriétaires : l’occupation par des locataires mauvais payeurs. Contrairement aux squatteurs classiques, ces occupants ont signé un bail en bonne et due forme avant de cesser de payer leur loyer, tout en refusant de quitter les lieux. Si les impayés locatifs ne sont pas nouveaux, les multiples moratoires mis en place ces dernières années – notamment après la pandémie et la guerre en Ukraine – ont allongé les délais des procédures judiciaires. Résultat : les expulsions sont plus longues et plus compliquées.

Une aubaine pour les professionnels de l’arnaque dont un nouveau profil a récemment émergé : des locataires qui, dès la signature du bail, n’ont jamais eu l’intention de payer. Ces véritables spécialistes des failles juridiques utilisent des stratagèmes sophistiqués pour retarder toute expulsion. « Ils effectuent des virements pour faire croire qu’ils règlent leur loyer, puis annulent les transactions », explique l’avocate, ajoutant que ces pratiques s’étendent même au paiement des honoraires d’agences immobilières.

Conséquence : les propriétaires sont toujours plus méfiants et, quand ils n’optent pas pour retirer leur bien du marché locatif traditionnel, demandent de plus en plus de garanties aux locataires. La situation devient intenable de part et d’autre, tandis que les pouvoirs politiques restent visiblement impuissants pour réguler une crise du logement encore inédite.

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