Pour rester au pouvoir, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez est sur le point de concéder aux indépendantistes catalans une de leurs plus importantes demandes : que les Mossos d’Esquadra assument le contrôle de la frontière entre la France et l’Espagne.
Un changement historique dans le contrôle de la frontière France Espagne se négocie, en ce moment, dans les officines politiques entre Barcelone et Madrid pour déployer la police catalane au Perthus. Un rôle essentiel actuellement joué par les polices espagnoles : la Policia Nacional (équivalent de la police nationale) et la Guardia civil (équivalent de la gendarmerie). En Espagne, comme en France, le Premier ministre n’a pas de majorité pour gouverner le pays. Pour faire passer les lois et son budget, Pedro Sánchez, avec les socialistes en minorité au parlement, doit s’appuyer sur des petits groupes, comme les indépendantistes catalans afin de dégager une majorité baroque.
Au milieu des régionalistes basques ou de groupuscules d’extrême gauche, le négociateur le plus ardu est Carles Puigdemont. Toujours exilé à Bruxelles, l’indépendantiste catalan, pour offrir le soutien de ses huit députés au gouvernement, passe ses journées à négocier avec Madrid. L’un des points les plus polémiques est le transfert des compétences policières à la frontière.
La demande va à l’encontre de la Constitution espagnole qui déclare que la Guardia Civil demeure compétente sur toutes les infrastructures stratégiques, telles que les frontières, ports et aéroports, et par ailleurs que des entrées et sorties du territoire national, tant pour les Espagnols que pour les étrangers, relève exclusivement de la Police nationale. De même, l’extradition, l’expulsion et l’immigration sont des compétences nationales.
Les Mossos en manque d’effectifs
Pour se sortir de la contrainte constitutionnelle, les équipes du Premier ministre semblent avoir trouvé la formule : des équipes mixtes de la police catalane et espagnole seront en charge des contrôles de la frontière terrestre, des ports et des aéroports. Ainsi, les forces nationales ne sont pas évincées et la police catalane fait sa grande entrée dans ce domaine.
Mais si le camp politique indépendantiste pourrait annoncer à ses électeurs une victoire, sur le terrain, les Mossos sont sous stress. Le nombre d’agents disponibles actuellement est insuffisant pour pouvoir gérer correctement la frontière. Pour le moment, la police catalane ne dispose que de 19.000 membres, soit une moyenne de 2,37 agents pour 1 000 habitants. Un chiffre faible et à titre de comparaison inférieur à la France qui compte 3,3 policiers pour 1 000 habitants, juste au-dessus de la moyenne européenne. Un groupe de travail entre Barcelone et Madrid étudie l’accélération d’une augmentation des effectifs jusqu’à 25 000 agents à court ou moyen terme pour arriver à 30 000 membres lors du passage de l’année 2030. Ce qui porterait les effectifs à un ratio de 2,63 policiers pour 1000 habitants.
Lors du Conseil de Sécurité intérieure de décembre, la Generalitat a obtenu un engagement en faveur de la création d’une commission avec le ministère des Finances pour examiner l’intégration de 3 000 nouveaux policiers au cours des cinq prochaines années. La ministre catalane de l’intérieur Nuria Párlon a tenu plusieurs réunions avec des maires de la grande couronne de Barcelone et d’autres communes de Catalogne : tous constatent un sentiment général de manque de ressources dans les commissariats.