L’Europe pour sauver Barcelone de sa crise du logement

Le maire socialiste Jaume Collboni demande à Bruxelles davantage de fonds mais aussi un encadrement législatif pour lutter contre la crise du logement.

Photo : Clémentine Laurent

Dans la cité catalane, se loger est devenu un vrai casse-tête, notamment pour les Barcelonais les plus précaires. Plus de 30% des annonces immobilières sont désormais réservées aux baux temporaires d’une durée inférieure à un an et destinées aux non-résidents. Mécaniquement donc, le choix se réduit pour les résidents et les prix flambent.

Mais depuis quelques mois, la mairie semble prendre le problème à bras-le-corps, du moins en paroles. « La crise du logement ne peut pas attendre », a insisté Jaume Collboni mardi au Parlement européen. Le socialiste, qui a déjà promis l’interdiction des logements touristiques d’ici 2028, veut aussi s’en prendre aux locations temporaires dont « les modalités contractuelles sont utilisées de manière frauduleuse ». Selon lui, il est encore possible de stopper la frénésie spéculative, en unissant les forces des mairies d’une part et celles des institutions européennes d’autre part.

La solution ? « Un standard régulateur européen » appliqué dans les zones dites en tension, qui pourraient être déclarées exclusivement résidentielles. Un manifeste signé par 12 maires de grandes villes européennes, dont Anne Hidalgo pour Paris, sera d’ailleurs présenté aujourd’hui dans ce sens.

Une politique nationale anti-logements sociaux

Le maire de Barcelone réclame aussi des moyens financiers pour la construction d’un parc de logements sociaux. Et il faut rappeler que sur ce point, l’Espagne est particulièrement en retard. Le pays ne compte que 3% d’habitations à loyer modéré (HLM), par rapport à 17% en France. Et il destine d’ailleurs quatre fois moins de budget à leur construction que la moyenne européenne. Quand la France dépense 274 euros par habitant pour le logement social, l’Espagne en débourse seulement 34.

Enfin, la loi espagnole permet que les édifices à usage social puissent, au bout d’un certain nombre d’années, être proposés sur le marché de la location traditionnelle. Une étude du syndicat Comisiones Obreras estime que si cette loi avait été dérogée il y a 40 ans, le pays disposerait de 4,7 millions d’HLM, par rapport à environ 300.000 actuellement. Des choix qui plongent désormais des milliers de familles dans une situation de précarité inédite et poussent les mairies à faire du logement pour tous une priorité.

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