À Barcelone, la kétamine s’infiltre partout

Equinox Barcelone drogue

Dans des cadeaux de Noël, à l’intérieur de boîtes de chewing-gum, et même dans l’eau de la ville. À Barcelone, la kétamine est partout, même là où on ne l’attend pas. 

Photo : Unsplash

Longtemps réservée aux vétérinaires pour endormir les chevaux, la kétamine s’est imposée comme la nouvelle drogue à la mode dans les fêtes espagnoles. Facile à cacher, simple à transformer et hautement rentable, elle envahit les circuits de la nuit et inquiète les autorités. En quelques années, ses saisies ont explosé dans le pays, notamment à Barcelone où les chiffres atteignent des records.

La kétamine s’intègre parfaitement dans les habitudes des fêtards espagnols : après la cocaïne ou les amphétamines, elle s’invite comme un « dessert hallucinogène » aux côtés de l’ecstasy ou du tusi (cocaïne rose, mélange de kétamine et de MDMA). Dans les clubs et festivals, elle se vend sous différentes formes : cristaux, poudre ou encore en pastilles soigneusement emballées dans des boîtes de chewing-gum pour tromper les fouilles. Et en décembre 2024, les fêtes de Noël ont apporté un bien joli cadeau à l’aéroport de Barcelone : plus de 2 kilos de kétamine camouflés comme lait en poudre dans un faux paquet.

Barcelone au coeur des trafics

Selon le Centre de Renseignement contre le Terrorisme et le Crime Organisé (CITCO), les saisies de kétamine ont été multipliées par quatre en Espagne. À Barcelone, la dernière augmentation annuelle a été de 535 %.

Dans la région, c’est évidemment la capitale catalane qui est le coeur névralgique du réseau avec plus de 97% des saisies, à tel point que la drogue a été retrouvée en grandes quantités dans les eaux de la ville. Elle est aussi logiquement devenue la première substance hallucinogène consommée en Espagne. Environ 5,6% des Espagnols entre 15 et 64 ans l’auraient déjà testée.

Mais l’explosion de la consommation a un revers tragique. Les services d’urgence sont submergés par des cas graves :  la kétamine induit des symptômes similaires à ceux de la schizophrénie, avec une altération de la perception, une réduction des performances cognitives, des états dissociatifs, des difficultés à se souvenir des mots et une altération de la mémoire immédiate. La combinaison avec d’autres drogues, notamment l’alcool ou la cocaïne (le mélange, « CK » est baptisé « Calvin Klein »), accroît encore les risques.

Et pendant ce temps, Elon Musk la banalise, racontant en prendre de temps à autre pour « lutter contre son état négatif ». S’il est avéré que la kétamine peut aider dans le soin des troubles dépressifs, c’est une substance à prendre avec beaucoup de précautions. En témoigne la mort tragique d’un adolescent de 14 ans suite à son ingestion non-volontaire à Barcelone, il y a un an.

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