2 400 euros nets à 23 ans : le bon plan des V.I.E en Espagne

Equinox Barcelone VIE VIA

Salaires élevés, contrats adaptés… Les V.I.E (Volontariat international en entreprises) et V.I.A (Volontariat international en administration) plaisent toujours autant aux jeunes Français d’Espagne. Témoignages.

Photos : Clémentine Laurent

Ils ont entre 18 et 28 ans, et après leurs études, les voilà devant le grand problème du premier travail : comment trouver un contrat bien payé, qui ne demande pas des années d’expérience et qui soit dans leur domaine ? En France, c’est quasi mission impossible.

C’est alors que les V.I.E et V.I.A se présentent. Ces deux types de statuts permettent de travailler à l’étranger tout en gardant un pied en France, et font à chaque fois mouche auprès des jeunes. Tiphaine, 29 ans, Française à Barcelone depuis 4 ans, en a fait deux en V.I.E. un peu par hasard, après être allée à un forum professionnel : « mon profil a plu, et voilà », confie-t-elle. Après deux ans de ce contrat, elle se fait recruter par le même employeur. Une situation commune : 70 % des volontaires sont embauchés à l’issue de leur mission.

La Normande a adoré son expérience, « un contrat génial, 30 jours de vacances… Il n’y a pas vraiment d’inconvénients », estime-t-elle. Les programmes des V.I.E sont effectivement bien pratiques lorsqu’on veut aller à l’étranger. Signés de manière tripartite entre l’entreprise, le volontaire et Business France, une firme publique de conseil gouvernementale, ces contrats garantissent au jeune tous les avantages du statut français, mutuelle comprise, mais à l’étranger.

Une foule d’avantages qui attire de plus en plus : en 2024 en Europe, le nombre de V.I.E a bondi de + 30% par rapport à 2019, en particulier dans les pays d’Europe du Sud et le Benelux.

barcelone clementine laurent780 scaled

Photo : Clémentine Laurent

C’est aussi ce qui a séduit Lucas, 23 ans, qui vient tout juste de commencer son V.I.E à Barcelone dans une start-up et rejoint ainsi les 11 500 jeunes en poste à travers plus de 120 pays.

Le commercial le dit d’emblée, « le VIE est une situation très confortable, surtout à l’étranger. À Barcelone, les salaires sont plutôt bas et les loyers chers, je ne pense pas que je serais venu si c’était un CDD ou CDI ». D’ailleurs, en plus d’un salaire mirobolant par rapport au minimum national – celui de Lucas est à 2 400 euros nets – l’entreprise lui a payé le voyage depuis la France.

Pas vraiment parfait

Le dispositif impose tout de même certaines règles : interdiction d’exercer une activité rémunérée auxiliaire et limitation des absences du territoire espagnol à sept jours par an sous peine d’un prélèvement de 20 % sur l’indemnité.

Le plus gros os, c’est l’absence de cotisations. Le salaire est élevé car il est exonéré de charges : par conséquent, le volontaire ne cotise pas pour son chômage le temps que dure son travail en V.I.E. Et puis, note Tiphaine, « les salaires sont tellement hauts que ça crée un fossé avec le marché de l’emploi. Après, quand ton entreprise te propose un ‘vrai’ contrat ils te paient forcément moins cher, et si tu cherches ailleurs c’est encore pire ». Une réalité encore plus dure en Espagne, où le salaire minimum de 1 184 euros représente une sacrée chute pour ces Français.

Moins connu, le V.I.A permet d’intégrer des institutions françaises à l’étranger. Ambassades, consulats ou alliances françaises recrutent chaque année plusieurs centaines de volontaires, avec des conditions similaires au V.I.E, mais des missions davantage tournées vers la diplomatie et la coopération culturelle. C’est ce que fait Thomas, originaire de région parisienne et en poste à l’ambassade française de Madrid depuis janvier 2025. À 26 ans, il occupe un poste « sous pression », et gagne 2 800 euros par mois pour se charger des affaires culturelles.

Seule ombre au tableau, les horaires, car « le contrat est un peu flou », nous raconte-t-il, « l’avantage pour eux c’est que nous, les volontaires, sommes flexibles dans notre charge de travail ». En fait, il n’a pas de contrat. Comme le note le guide du V.I.A , « les V.I.A signent une lettre d’engagement, et non un contrat. Les V.I.A relèvent non du Code du Travail, mais du Code du Service National ». Ceci explique cela. Il s’agit aussi d’un milieu beaucoup plus compétitif qu’en entreprises. Aujourd’hui, seulement environ 900 V.I.A sont en poste à l’étranger, et Thomas le confirme : « on était une centaine à candidater pour mon poste ».

Une affluence qui s’explique car il s’agit d’un des seuls moyens d’entrer dans les institutions ministérielles à l’étranger. Impossible, pour un jeune en sortie d’études de trouver directement un CDD ou CDI dans le domaine : il faut obligatoirement passer par là. Mais Thomas ne s’en plaint pas : « c’est une bonne opportunité quand tu es jeune et ce sont des statuts assez reconnus. Grâce à ça, pour la suite de ma carrière je ne m’inquiète pas trop ».

Recommandé pour vous