Emploi : en Espagne, le profil d’expatrié séduit les recruteurs

Secteurs bouchés, processus de recrutement très lent, peu de perspective d’évolution, décrocher un poste sur le marché de l’emploi français n’est pas une mince affaire. A contrario, en Espagne, les opportunités professionnelles semblent plus importantes notamment pour les expatriés français. Témoignages. 
 
En 2024, la péninsule ibérique a été l’un des pays de l’Union européenne qui a signé la plus grande croissance économique (+2,5 %, soit bien plus que la moyenne de l’UE de 0,8 %) et le plus grand nombre d’emplois créés. Selon les chiffres de l’Instituto Nacional de Estadística (INE), sur les 749.000 emplois créés en Espagne, 42 % d’entre eux ont été attribués à des expatriés. Si le pourcentage semble important, notamment vis à vis du nombre d’étrangers comptabilisés en Espagne s’élevant à 13 %, Sophie Lasne, co-fondatrice de Will RH, agence de recrutement basée à Madrid explique que « ce chiffre comptabilise les emplois précaires et très précaires souvent pourvus par des natifs d’Amérique latine ».

En parallèle, d’autres secteurs d’emplois sont friands de profils d’expatriés. « Les entreprises européennes qui délocalisent leurs services en Espagne ont besoin de natifs de pays étrangers notamment pour les postes de commerciaux ou de service client », explique Sophie Lasne. Des emplois stratégiques qui sont, bien souvent, rapidement pourvus par des candidats Français.

Une personnalité avant un diplôme

« Lors de mes entretiens en Espagne, j’ai été surprise de voir que mon diplôme ou le nombre d’années d’expérience importaient peu », s’exclame Thérèse, Réunionnaise de 33 ans installée à Barcelone depuis 2017. Après avoir enchaîné 4 ans d’intérim dans le secteur du commerce à Toulouse, la Française décide de tenter une expérience à l’étranger. « En moins de 2 semaines, j’ai trouvé un VIE (Volontariat International en Entreprise) à Barcelone. J’ai déménagé pour un contrat d’un an dans une entreprise française, qui s’est renouvelé pour une année supplémentaire », confie Thérèse.

Après une pause en 2019, la Française reprend sa recherche d’emploi en 2020… en pleine pandémie. « Après à peine 3 semaines de recherche et d’entretiens, j’ai été recrutée dans le département achats d’une big tech », détaille l’expatriée trentenaire qui a été surprise de voir que les boîtes ibériques attachaient une importance particulière à la personnalité des candidats. « Ce que les recruteurs valorisaient était avant tout ma capacité de réflexion et d’adaptation, mes soft skills, et le fait d’être polyglotte », analyse-t-elle.  « Le savoir-être est aussi, voire plus important que les compétences », surenchérit par ailleurs Sophie Lanse.

Les profils atypiques valorisés

En fonction des postes à pourvoir, les profils varient logiquement. Toutefois, les expatriés français en Espagne s’accordent à dire que les profils atypiques, dénotant une forme d’adaptabilité, aiguisent la curiosité des recruteurs ibériques. « Le fait d’entreprendre des démarches pour vivre ailleurs colle une étiquette à un candidat, il passe pour une personne prête à être active, cela va séduire l’entreprise », estimait Kevin Viau, co-fondateur de Qamyno, une agence de recrutement barcelonaise spécialisée dans la tech lors d’une interview accordée à Equinox en 2023.

« Selon moi, l’Espagne donne plus de chances à des profils atypiques, avec des expériences variées dans des secteurs d’activité n’ayant pas nécessairement de lien entre eux. […] De même, le fait d’avoir changé plusieurs fois d’entreprise est un gage d’ouverture d’esprit et de curiosité, alors qu’en France c’est assez mal vu. Je dirais que le mindset des recruteurs français est vieillot, l’Espagne marche plus avec son temps », estime Thérèse avant de conclure : « À l’heure actuelle, je suis toujours dans la même entreprise, j’ai été promue à un poste de management à tout juste 30 ans, chose qui, je le pense, aurait été impossible en France…»

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