Le lundi, Equinox laisse ses colonnes à une personnalité francophone de Barcelone, experte de son domaine. Et c’est Guillaume Rostand, président de la French Tech Barcelona, qui signe l’édito du jour.
L’image de Barcelone a considérablement évolué ces dernières décennies.
Longtemps perçue comme une simple destination balnéaire où le soleil et la fête régnaient en maîtres, la capitale catalane s’est métamorphosée en un centre d’affaires dynamique qui attire désormais les plus grandes entreprises internationales autant que les scaleups en expansion.
Cette transformation n’est pas le fruit du hasard. Barcelone a toujours été une ville profondément créative, comme en témoigne son patrimoine architectural unique, porté par le génie de Gaudí, mais aussi ses nombreux espaces d’innovation comme le 22@Barcelona, véritable laboratoire urbain où se côtoient startups et centres de recherche. Les anciennes friches industrielles, reconverties en pôles créatifs, incarnent parfaitement cette alliance entre héritage et modernité qui fait la signature de la ville.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec 2 022 startups, une croissance de 86% de son écosystème entrepreneurial entre 2016 et 2022, et sept licornes à son actif, Barcelone s’est imposée comme le deuxième hub préféré de l’Union européenne pour la création d’entreprises innovantes. Le Mobile World Congress, qui a généré en 2024 un impact économique record de 502 millions d’euros, illustre cette nouvelle stature internationale. Il semble loin le temps ou Barcelone faisait se rencontrer fêtard, touriste, et Catalan savourant leurs vies de quartier, avec une économie régionale – c’est en tout cas l’image qu’on en avait.
Avec des effets positifs ou moins. Et ceux d’entre nous qui vivent ici depuis longtemps ont senti le départ perlé d’une certaine insouciance. Barcelone est devenue sérieuse en devenant attractive.
Ou nous avons vieilli. Ou les deux.
Toujours est-il que cette transformation est devenue un véritable argument de communication pour les entreprises. S’implanter à Barcelone, c’est aujourd’hui associer son image à celle d’une ville qui conjugue innovation, créativité et qualité de vie. Les entreprises ne s’y trompent pas : 96 centres de développement technologique internationaux ont choisi d’y établir leurs quartiers.
C’est en partie pour capitaliser sur cette image attractive que la French Tech a lancé le Studio 54. Cette initiative permet aux entreprises de transformer leur présence à Barcelone en un puissant outil de storytelling, où chaque angle de rue, chaque place ensoleillée, chaque bâtiment moderniste devient le décor d’une success story entrepreneuriale.
Je le vois de plus en plus : embaucher ici est devenu un vrai argument, recruter en Catalogne est « à la mode ». Utiliser la ville comme axe de communication est à présent un atout de performance !
Et c’est bien là que réside la force de Barcelone : dans sa capacité à transformer son art de vivre méditerranéen en un argument business, offrant aux entreprises non seulement un environnement professionnel performant, mais aussi un cadre unique pour raconter leur histoire.