« Fernando Botero – Un maestro universal », est présenté au Palau Martorell de Barcelone jusqu’au 20 juillet avec une seule promesse : montrer le travail du maître du volume dans son immensité.
Photos : « Fernando Botero – Un maestro universal » – Palau Martorell
Ranger 110 oeuvres et plus de 60 ans de carrière dans un seul espace, ce n’est pas facile. C’est pourtant ce qu’ont essayé de faire Lina Botero (la fille de l’artiste) et Cristina Carrillo de Albornoz, commissaires de l’exposition « Fernando Botero – Un maestro universal ». Sur trois niveaux (rez-de-chaussée, premier étage et sous-sol), le parcours est découpé en petites salles suivant non pas un ordre chronologique comme il est d’usage lors de rétrospectives de ce genre, mais un rangement selon les thèmes de prédilection ou les techniques favorites de l’artiste colombien.
Fernando Botero (1932-2023) est un peintre culte, qui imposa partout dans le monde son style, aussi absurde que poétique, composé de personnages gonflés à l’extrême inspirés de l’art pré-colombien.
Sculptures ou peintures, le Colombien qui fut aussi un amoureux de l’Espagne – particulièrement Madrid où il fait ses classes – et de l’Italie – particulièrement Florence où il suivit les traces du peintre Pierro della Francesca – se retrouve exposé à Barcelone en version XXL, dans la plus grande exposition que l’Espagne lui ait jamais consacré.
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Colombie, variations et sculptures inexistantes
Le premier tronçon du parcours, au rez-de-chaussée, se découpe de manière tripartite, avec les salles Religion et Colombie qui se font face, et au centre une télévision passant un court documentaire sur l’artiste décédé en 2023. Ce premier morceau présente donc à la fois le caractère foncièrement attaché à son territoire du peintre, qui représenta son peuple sous toutes les coutures, lui qui disait « être le plus Colombien des Colombiens », et son ironie défiant les normes sociétales avec cette salle de la religion, dans lequel ses prêtres grotesques se bousculent.
À l’étage, nous sommes guidés vers une salle – sûrement la plus intéressante – qui présente ses premiers travaux, les débuts du style « botérien ». Là, deux oeuvres magistrales se font face, deux toiles qui ont été retrouvées récemment dans des collections privées : « La Ménine, d’après Vélasquez » et « Hommage à Mantegna ». On retrouve ici un pan extrêmement important du travail de Botero : la variation.
C’est-à-dire le fait de reproduire, avec sa patte, des oeuvres classiques de l’histoire de l’art. C’est notamment par ce travail qu’il s’est fait connaitre à travers le monde, avec par exemple une « Mona Lisa à 12 ans » que l’on ne retrouve pas à Barcelone, malheureusement.
Nous passons ensuite aux salles montrant l’étendue de sa palette technique avec les pastels, les aquarelles, les natures mortes. Puis le sous-sol nous attend avec d’autres surprises. Une partie sur la sculpture qui est assez pauvre. En effet, les sculptures monumentales de Botero n’ont apparemment pas trouvé le chemin du Palau Martorell. Si toutefois voir une des oeuvres gigantesques du Colombien vous intéresse, il suffit de se rendre sur la Rambla du Raval où un gros chat signé Fernando Botero est installé depuis 2003.
Après les salles sur le thème du cirque et de la violence – où l’on retrouve notamment les oeuvres poignantes sur les tortures d’Abu Ghraib – l’exposition finit sur une salle pour le moins étonnante. « Botero infinito » est couverte de miroirs, où sont projetées les oeuvres du maître, accompagnés d’une musique pétillante et d’effets visuels digitaux. Parfaitement instagrammable.
L’exposition du Palau Martorell est monumentale, certes, mais pas vraiment joyeuse, la faute à une scénographie plutôt sombre et des éclairages très minimalistes. Peu de cartels, beaucoup de vidéos, l’exposition se veut très accessible, et l’aurait été davantage avec un peu plus d’explications et de lumière.
Quoi qu’il en soit, c’est un beau panorama de l’oeuvre de Fernando Botero, qui est depuis longtemps à Barcelone comme chez lui. La preuve, son chat y vit.