Les Français expatriés sont pour la plupart très bienveillants envers leurs compatriotes, et sont prêts à partager leur expérience pour facilite l’installation de néo-arrivants. Et si l’expatriation catalysait la solidarité des Français… souvent taxés d’individualistes ?
« J’ai constaté que la communauté française de Barcelone était très soudée ». Maëlys, 28 ans, française originaire de Rennes a vécu à Barcelone pendant 4 ans. Pour elle, son passage dans la cité comtale a été marquée par une multitude de rencontres avec des expatriés français, qui lui ont permis de s’acclimater en un temps records au coeur de la capitale catalane. Une gentillesse intensément soit peu exacerbée à l’étranger que l’on ne trouve pas forcément auprès des Français vivant dans l’Hexagone. Une impression qui a, au fil des années, été conceptualisée par une spécialiste.
Assimilation ou communautarisme ?
Quand un individu s’installe à l’étranger, deux réactions opposées s’opèrent bien souvent. D’un côté, certains expatriés misent sur une intégration totale dans le nouvel environnement, avec parfois une volonté de ne pas côtoyer la communauté d’origine. « L’objectif est de rencontrer exclusivement des personnes issues de la culture locale. Rejeter ses concitoyens peut parfois signifier rejeter une partie de soi. Un des dangers qui en résulte est un clivage avec une idéalisation des locaux au détriment des concitoyens », selon la psychologue Magdalena Zilveti Chalad, auteur du livre « Réussir sa vie d’expat. S’épanouir à étranger en développant son intelligence nomade ».
A contrario, certains Français installés à l’étranger préfèrent rester entre compatriotes. « À la fois ni tout-à-fait en France, ni tout-à-fait dans le pays local, une organisation sociale un peu hybride s’installe », analyse la psychologue. Cependant, si un sentiment de communautarisme peut être perceptible entre les quelque 57.000 français de Barcelone, la solidarité entre eux est indéniable. « Je pense qu’à l’étranger nous sommes dans un meilleur état d’esprit qu’à la maison, plus tolérants de l’attitude des gens, ou des personnes qui sont eux-mêmes heureux de rencontrer des gens venus d’ailleurs », estime Maëlys. Un phénomène qui pourrait s’expliquer par le fait d’être loin de sa patrie natale et donc de recréer une sorte de cocon avec des repères emprunts de leur culture natale, d’où la création de nombreux groupes d’entraide destinées aux Français.
Pléthore de réseaux solidaires à Barcelone
À Barcelone, les néo-expatriés français ont l’embarras du choix. Et pour cause, plus d’une dizaine de collectifs solidaires existent. L’association Barcelone Accueil, comme son nom l’indique, est spécialisée dans l’accueil des nouveaux arrivants. Elle organise de nombreuses activités toute l’année. Chaque année, elle tient son salon « France à Barcelone », avec des stands des principaux acteurs de la communauté française à l’Institut français. Les groupes Facebook comme FRANÇAIS À BARCELONE créés par le Français Anthony Pillet, permettent de répondre à des questions rapides ou d’échanger des bons plans. Des groupes whatsapp français ont aussi été créés par quartiers, comme celui de l’Eixample, Les Corts ou Poblenou.
Pour rencontrer du monde lors de l’arrivée, le Café Croissants, une fois par mois dans un lieu différent de Barcelone et généralement un matin en semaine, permet de planter ses premières graines de réseau. Le public, un peu plus féminin que masculin, est assez varié en termes d’âges et activités professionnelles. Pour les familles, les groupes whatsapp de parents d’élèves sont toujours très utiles. Le site Parents à Barcelone dispose aussi d’un groupe d’entraide sur Facebook. Il existe même un groupe pour les propriétaires de chats, afin de faciliter le petsitting par exemple.
Enfin, les entrepreneurs peuvent se tourner, entre autres, vers la Peña Business Club, qui mêle francophones et locaux, la Chambre de Commerce française, qui réunit la plupart des grandes entreprises français et catalanes, la French Tech ou encore le Club des entrepreneuses, qui privilégie les femmes travaillant souvent en solo (autónomas).