PMA : pourquoi les Françaises continuent de faire des bébés à Barcelone

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Malgré une loi qui permet la PMA aux femme seules en France depuis 2021, les aspirantes mères solo continuent de choisir Barcelone pour procréer. Entre différences culturelles et délais de prise en charge, enquête sur un business de la vie qui n’a pas traversé la frontière. 

Photos : mairie de Barcelone

« Vos conneries c’est interdit, revenez quand vous êtes vraiment enceinte ». Cette phrase cinglante, Camille (tous les prénoms des témoins ont été modifiés) l’a entendue de la bouche d’un gynécologue en 2014 en France, alors qu’elle tente d’avoir un enfant seule. À l’époque, la PMA (procréation médicalement assistée) est interdite, alors Camille avait fait sa procédure à Barcelone. Une aventure heureusement soldée par deux beaux enfants, mais qui lui coûta au passage deux ans de sa vie et 15 000 euros.

Depuis septembre 2021, heureusement, les règles du jeu ont changé. La PMA est désormais autorisée aux femmes seules en France, et remboursée par la Sécurité Sociale sous certaines conditions : jusqu’au 43e anniversaire de la future maman, pour au maximum 6 inséminations artificielles ou 4 tentatives de FIV. Pourtant, l’Espagne et Barcelone en particulier sont toujours très plébiscités par les futures mamans.

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Barcelone à la pointe de la naissance

« La première raison, c’est les délais », explique Stéphanie Toulemonde, coach en fertilité et fondatrice de She Oak, une association basée à Barcelone qui accompagne les personnes ayant des problèmes de fertilité. « Les femmes font le choix de l’Espagne parce qu’elles sont pressées, elles ont l’horloge biologique qui tourne », continue la spécialiste. En effet, en terme de temps d’attente, la différence entre les deux pays est abyssale : en Espagne, la PMA est quasi immédiate, contre 1 an et demi d’attente en France.

Ce fossé s’explique par une culture du don et des infrastructures bien différentes. À titre de comparaison, le territoire français compte aujourd’hui 32 banques de sperme, tandis que dans la seule métropole de Barcelone, il y en a 21. 

En plus de ces considérations pratiques, l’Espagne jouit de lois plus rassurantes pour les futures mamans. Si en France, les enfants nés de donneurs peuvent demander à leur majorité l’identité du « père », impossible de le faire en Espagne : « ça, pour moi, c’était primordial », confirme Camille. 

Parmi les cliniques espagnoles, celles de Barcelone sont particulièrement prisées par les femmes étrangères grâce à des centres très bien équipés en matériel, beaucoup moins chers que de l’autre côté des Pyrénées et pourvus en professionnels de santé multilingues. Surtout « il y avait des vols directs Lyon-Barcelone et j’avais bien compris qu’il fallait être rapide », raconte Camille, qui s’est rendue 5 fois sur place, parfois prévenue du jour au lendemain.

Si l’aéroport n’a pas été un critère pour Lisa, Française de 32 ans qui vit à Barcelone, elle aussi se pose la question de la localisation quant à sa future PMA. À terme, celle qui s’est « résignée au célibat » et vit à Sarrià espère pouvoir rester vivre dans la cité comtale mais sait qu' »élever un enfant en France est plus facile qu’ici, au niveau des coûts de l’école, de garderie, des aides et de la proximité avec la famille ».

Une culture espagnole plus bienveillante

Pour le reste en revanche, la jeune Barcelonaise est mieux lotie que son aînée. La clinique qu’elle a choisi lui propose de payer seulement 2000 euros pour trois inséminations, et elle n’a évidemment aucun des autres frais de la Française, qui comptait dans sa note finale les avions et les médicaments non-remboursés.

En plus, Lisa a la chance de vivre cette grossesse en 2025, dans une société espagnole plus bienveillante à l’égard des mamans solos qu’en France. « Quand j’explique ici qu’en France c’était interdit jusqu’à il y a 3 ans on me regarde avec des grands yeux, c’est plus tabou en France, c’est sûr », nous explique Stéphanie Toulemonde. Une analyse que Camille confirme, racontant avoir vu « des réactions que tu n’imagines même pas, certaines personnes avec des avis très tranchés ».

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Culturellement, l’Espagne est aussi habituée à voir davantage de mères plus âgées qu’en France. Dans l’Hexagone, l’âge moyen du premier enfant est de 31 ans, tandis qu’il monte à presque 33 ans dans la péninsule ibérique.

Même si Lisa n’a pas ce problème et a d’ailleurs « toujours voulu être une jeune maman », elle sait en revanche que ce qui l’attend ne sera pas simple. Et si Camille confirme la difficulté – surtout avec des jumeaux – elle raconte n’avoir jamais regretté son choix.

La maman comblée rigole même avec ses enfants de la situation : quand son garçon de presque 9 ans lui demande ce qu’elle s’est offert de plus cher dans la vie, elle répond « vous ». Si l’amour n’a pas de prix, faire un enfant seule, si.

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