L’économie espagnole progresse grâce à l’immigration

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En Espagne, le produit intérieur brut (PIB) progresse de 0,8 % au quatrième trimestre, dépassant largement la moyenne européenne et les prévisions de début d’année. L’immigration et le tourisme sont à l’origine de cette performance économique.

Photo : Clémentine Laurent

Selon les données de l’Institut national de statistique (INE), l’Espagne a créé 486 000 nouveaux emplois en 2024, dont 50 % pour des travailleurs étrangers. Le pays connait donc une immigration dynamique, qui contribue largement au marché du travail et à la demande intérieure.  La hausse de la population active fait mécaniquement grimper le PIB et baisser le taux de chômage. Des indicateurs dont raffolent les marchés financiers. Le PIB a augmenté de 3,2 % en 2024 et marque une accélération par rapport aux 2,7 % enregistrés en 2023. L’Espagne laisse à la traine les autres pays européens.

L’autre versant de l’euphorie économique espagnole est le tourisme. En 2024, le pays a vu affluer un nombre record de visiteurs étrangers, notamment grâce à une bonne gestion de l’offre hôtelière et aux efforts de promotion du secteur.

D’autres facteurs dopent les finances ibériques : l’amélioration des salaires, qui ont grimpé de 5 %, et ont compensé l’inflation, et les retraites ont été revalorisées de 4,5 %, soutenant ainsi la consommation. De son côté, la consommation publique a progressé de 3,7 %, soutenue par des dépenses gouvernementales liées à la relance post-Covid et aux subventions européennes. Le marché immobilier a également bénéficié de cet environnement favorable, notamment grâce à une forte demande locale et étrangère.

Les chiffres accablants de la productivité espagnole

Cependant, l’économie espagnole reste toujours fragile. Concernant l’immigration, pour un certain nombre d’économistes, ces bons résultats macroéconomiques cachent une réalité plus cruelle. Si le PIB national augmente grâce à l’arrivée de travailleurs immigrés, le PIB par habitant, lui, suit la tendance inverse. « Pour les étrangers venant de pays pauvres, les salaires proposés ici sont très bons, mais en réalité, ils ne suivent pas l’augmentation du coût de la vie et nous sommes dans une situation pire aujourd’hui qu’il y a quelques années », explique à Equinox Albert Carreras de Odriozola.

Par ailleurs, la productivité reste l’un des points faibles du pays. En 2024, elle n’a augmenté que de 1,3 %, freinant ainsi une amélioration plus rapide des indicateurs économiques. Selon le dernier rapport de la Fondation BBVA et de l’Institut Valencien de Recherches Économiques, la productivité a reculé de 7 % depuis l’an 2000, alors que sur la même période, l’Allemagne enregistrait un bond de 12 %. Un contraste saisissant qui met en lumière les failles structurelles de l’économie espagnole.

Le rapport ne se limite pas à ce constat accablant : il dévoile de profondes disparités au sein du tissu entrepreneurial. Si certaines entreprises espagnoles se hissent au niveau des standards européens, près de 40 % d’entre elles peinent à atteindre la médiane sectorielle. Ce sont notamment les secteurs du commerce et des activités scientifiques qui dopent la productivité nationale. À l’inverse, l’immobilier, la métallurgie et la construction plombent les performances globales.

Pour éviter de creuser davantage l’écart avec ses voisins, l’Espagne doit s’engager sur la voie de l’innovation et de l’optimisation des processus. L’enjeu est de taille : il s’agit de réduire le fossé entre les entreprises à la pointe et celles qui stagnent encore dans des modèles obsolètes. La transformation passera par une digitalisation accrue, l’automatisation des tâches et une meilleure organisation du travail.

Si les fonds européens destinés à la transition numérique sont un levier important, le véritable défi réside ailleurs : changer les mentalités des dirigeants. Plus qu’un simple ajustement technique, c’est une révolution culturelle qui s’impose pour faire entrer l’Espagne dans une nouvelle ère de compétitivité durable.

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