Les apiculteurs espagnols sonnent l’alarme. Face à l’invasion massive de faux miels importés et vendus dans les grandes chaînes de distribution, la filière est sur le pied de guerre. La plupart de ces produits proviennent de la Chine.
Ils transitent par le port de Lisbonne et inondent le marché espagnol. Des tonnes de sirop de glucose sont vendues dans les grandes chaines de distribution. Présentés comme du vrai miel. Les analyses réalisées dans plusieurs laboratoires sont édifiantes : 46 % des échantillons de ces imitations de miel ne respectent pas les normes en vigueur. « La moitié des produits importés sur le marché espagnol sont en réalité du sirop artificiel », souligne Pedro Loscertales, représentant de l’Association des apiculteurs professionnels. Ce miel frauduleux, au goût très sucré, issu de mélanges ou de procédés industriels, ne présente évidemment que peu de valeurs nutritives et trompe le consommateur.
Forcément, les apiculteurs locaux sont furieux et la situation est critique. Comme toutes les contrefaçons, ces faux miels sont beaucoup moins chers. Le secteur explique que cette invasion tire les prix vers le bas et menace la rentabilité des producteurs espagnols. Les chiffres sont cruels : 2024, la production nationale de miel s’effondre de 27 000 tonnes, une chute de 27 % par rapport à 2023. Un bilan jamais vu auparavant.
Les failles du dispositif de contrôle espagnol
Les apiculteurs pointent du doigt les carences du système de contrôle espagnol et européen, jugé trop permissif face à ces importations. En cause : une législation inadéquate qui permet à ces produits de contourner les normes européennes, notamment lorsqu’ils sont mélangés avec du vrai miel dans des pays tiers. « Les importateurs contournent habilement les réglementations, ce qui asphyxie nos exploitations locales », dénonce Pedro Loscertales.
Face à la crise, les professionnels demandent des mesures d’urgence, à commencer par un étiquetage clair de l’origine des produits et une intensification des contrôles douaniers. « Si rien ne change, de nombreuses exploitations apicoles devront fermer », prévient le secteur de l’apiculture.
Lire aussi : Porter de la contrefaçon, une nouvelle mode qui séduit en Espagne