Au delà de sa vitalité économique, l’Espagne serait en passe de devenir un moteur en matière de transition écologique à l’échelle européenne. Explications.
L’Espagne futur atout « vert » de l’Union européenne ? La péninsule ibérique bénéficie d’une très bonne position pour devenir le nouveau moteur de la réindustrialisation verte du continent européen. Et pour cause, les infrastructures modernes du pays peuvent inverser la perte de compétitivité européenne, « tout en faisant progresser sa transition vers un modèle énergétique plus durable », selon l’analyse présentée par l’alliance de multinationales hispano-portugaises lors du Forum économique mondial (WEF) tenu à Davos, du 20 au 24 en janvier 2025. Cette alliance, baptisée Initiative pour l’industrie et la transition énergétique ibérique (IETI) vise à faire de la péninsule Ibérique le centre de l’expansion continentale des sources d’énergie renouvelables compétitives.
Miser sur les ressources vertes espagnoles
Le rapport souligne également les nombreux atouts de la péninsule en matière de disponibilité de ressources naturelles renouvelables. Effectivement, le taux d’ensoleillement en Espagne est supérieur à la moyenne européenne. D’ailleurs, la récente étude du pureplayer britannique Holidu a dressé le classement des villes européennes les plus ensoleillées en 2024. Sans surprise, le podium comporte trois villes espagnoles : Malaga, Alicante et Murcia. En plus de son potentiel en énergie solaire, la péninsule ibérique dispose de région venteuse et d’une grande superficie côtière, propice, par exemple, à l’installation de parc éolien. Le rapport de McKinsey & Company détecte également « de vastes zones pour des projets de production verte », « un réseau électrique robuste qui peut s’adapter aux nouvelles demandes », mais également des coûts énergétiques compétitifs et les infrastructures avancées.
De surcroît, le « système de raffinage efficace » de la région et sa « situation stratégique » (en attendant la construction de grands gazoducs nous reliant à la France et à l’Allemagne) ouvrent des opportunités pour la production de biocarburants et de carburants à base d’hydrogène. L’un des points clés de la transition énergétique en Europe est l’hydrogène vert. Et sa production en Espagne et au Portugal est entre 10 et 20 % moins chère qu’en Europe centrale. Cela renforce non seulement la compétitivité des industries locales, mais contribue également à l’objectif européen d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Des mesures incitatives à venir
Pour rendre la transition énergétique efficace, l’IETI propose des mesures concrètes telles que la réduction des charges administratives, la simplification des permis pour les projets verts et l’établissement de cadres réglementaires clairs et stables. Ces mesures seraient essentielles pour attirer les investissements et garantir que les solutions durables soient compétitives sur un pied d’égalité avec celles basées sur les combustibles fossiles.
La mise en œuvre du plan de McKinsey vise donc à transformer l’Espagne en « pôle stratégique d’industries critiques ». Il pourrait ainsi augmenter le PIB du pays de 15 %, créer jusqu’à un million d’emplois et augmenter les exportations de 20 %. L’étude souligne par ailleurs que le succès de cette transition ne profiterait pas seulement à l’Espagne, mais contribuerait également à revitaliser la compétitivité européenne, à un moment marqué par des défis tels que la « vague de désindustrialisation et de perte de compétitivité, aggravée par le manque d’investissements dans la R&D et les prix élevés de l’énergie. » Reste à savoir comment l’Espagne appréhendera sa potentielle future place de moteur économique et écologique.