La guerre de Ryanair contre l’Espagne

aeroport de Barcelone

La compagnie aérienne à bas coût Ryanair, leader en nombre de passagers en Espagne, appelle à « briser le monopole » d’Aena, le gestionnaire gouvernemental des aéroports. Ryanair accuse également le gouvernement espagnol de l’avoir « trompé à plusieurs reprises » sur l’évolution des tarifs. Récit d’une bataille au-dessus des nuages. 

C’est un conflit qui couvait entre les deux géants : Ryanair dans le ciel et Aena sur terre. Furieuse, la direction de Ryanair a annoncé la semaine dernière la fermeture de ses bases à Jerez en Andalousie et à Valladolid dans le centre du pays. Mais aussi une réduction d’activité dans cinq autres aéroports: Vigo, Saint-Jacques-de-Compostelle,  les Asturies, la Cantabrie et Saragosse. La compagnie justifie cette décision par le fait que les programmes d’incitation au trafic d’Aena pour les petits aéroports n’ont pas donné les résultats escomptés.

Ryanair contre le gouvernement espagnol

Aena riposte en dénonçant le « chantage » de Ryanair, qui chercherait à utiliser « gratuitement » une grande partie des infrastructures aéroportuaires espagnoles. La compagnie irlandaise demande que l’Espagne baisse ses frais aéroportuaires dans ses plus petites structures. Pour sa défense, Aena indique que ces ristournes sont bel et bien en vigueur. Selon l’entreprise publique, les tarifs moyens des taxes actuelles dans les petits aéroports espagnols sont fixés à 10,35 euros par passager, une décision validée par le Conseil des ministres. Mais selon Ryanair, ces réductions tarifaires  sont « totalement fausses » Et donc ferme ou réduit son activité dans ces fameux aéroports.

Le PDG d’Aena, Maurici Lucena, affirme que « Ryanair, en cherchant à utiliser gratuitement les aéroports, agit au détriment des contribuables espagnols » et rappelle à la compagnie que «les taxes aéroportuaires sont fixées selon la loi et surveillées par les autorités compétentes.»

De son côté, le directeur général de Ryanair, Michael O’Leary, veut tout simplement se débarrasser du gestionnaire public, ou tout du moins, en faire une coquille vide. Il l’accuse « de monopoliser les infrastructures et demande au gouvernement espagnol de briser ce monopole en transférant la gestion des aéroports locaux aux conseils régionaux locaux.»

Ryanair représente 22 % du trafic des aéroports espagnols, mais l’Espagne génère également 18 % des revenus aériens de la compagnie irlandaise. La collaboration est de ce fait essentielle. Malgré cette embrouille, l’année 2024 a été exceptionnelle pour les deux institutions. Sur terre, Aena a accueilli 309 millions de passagers dans ses aéroports. Dans les airs, Ryanair en a transporté 58 millions, un record historique pour la compagnie en Espagne.

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