L’économie espagnole a le vent en poupe, mais sa productivité est toujours à la traîne. Pire, elle n’a pas évolué depuis 30 ans.
Et si l’Espagne s’épuisait plus vite que les autres ? Si tous les efforts mis à la reprise économique partaient en fumée à cause d’une productivité mal gérée ? C’est ce que semblent révéler les différentes études sur le sujet et en particulier le dernier rapport de la Fondation BBVA et de l’Institut Valencien de Recherches Économiques qui fait état d’un recul de 7% de la productivité espagnole depuis 2000. Pendant ce temps-là, la productivité allemande a bondi de 12%.
La richesse produite par an et par habitant est d’ailleurs la même en Espagne qu’il y a 30 ans, ce qui entraîne une stagnation du PIB par habitant et, par ricochet, un recul du pouvoir d’achat. Mais elle met aussi en péril la compétitivité des entreprises. Car même si elles continuent à produire à plus bas coût, avec des salaires et des charges moins élevés que dans le nord de l’Europe, elles finissent par se faire rattraper par leur mauvaise gestion des ressources.
Des disparités selon les secteurs
Le rapport met toutefois en lumière une forte disparité au sein des entreprises espagnoles. Alors que certaines atteignent des performances comparables aux standards européens, près de 40 % d’entre elles affichent une productivité en dessous de la médiane sectorielle. Le commerce et les activités scientifiques tirent ainsi la productivité vers le haut, tandis que l’immobilier, la métallurgie et la construction constituent un frein.
Le rapport souligne l’urgence pour l’Espagne de stimuler l’innovation, d’optimiser ses organisations et de réduire les écarts entre ses secteurs les plus avancés et les plus à la traîne. C’est une profonde refonte des secteurs-clés de l’économie espagnole qu’il faut entreprendre, notamment via la digitalisation, l’automatisation et la mise en place de processus de production plus efficaces. Un chantier de longue haleine, en partie financé par les aides à la digitalisation issues des fonds européens, mais qui nécessitera un bouleversement autrement plus audacieux : celui des mentalités des dirigeants.