Un expatrié à Barcelone profite-t-il de la fameuse « vie moins chère en Espagne » ? Pour un Français résident dans l’Hexagone, vaut-il la peine de faire la queue à la frontière pour trouver des bonnes affaires chez le voisin ibérique ? Laissons les chiffres s’exprimer pour tirer le bilan de 2024. Quel pays a le plus augmenté ses prix : l’Espagne ou la France ?
La zone euro commence l’année 2025 sous le signe d’une inflation dans le rouge pour le troisième mois consécutif. Selon Eurostat, l’indice des prix à la consommation a progressé de 2,4 % en décembre, et de 2,2 % le mois précédent.
L’Espagne face à une inflation élevée
En Espagne, l’inflation atteint 2,8 %, un niveau supérieur à la moyenne de la zone euro. Pour rappel, la Banque centrale européenne avait fixé aux pays un objectif maximal de 2% d’inflation. Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’économie espagnole reste fragile après plusieurs années marquées par des crises successives. Elle est particulièrement touchée par les augmentations des prix des matières premières et de l’énergie. Ce qui se répercute ensuite sur le pouvoir d’achat des ménages.
Le logement et justement l’énergie sont au cœur des préoccupations. La hausse des prix de l’électricité, combinée à une pression sur le marché locatif, accroît les difficultés des classes moyennes et populaires, déjà impactées par la stagnation des salaires. En moyenne, pour se loger en Espagne, il faut consacrer entre 40 et 60 % de ses revenus pour payer son loyer. Ce qui limite fortement le pouvoir d’achat.
Le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez est confronté à des choix délicats : maintenir les aides publiques pour atténuer l’impact de l’inflation ou respecter les objectifs de réduction des déficits imposés par Bruxelles. Une hausse des prix prolongée pourrait également raviver les tensions sociales, dans un contexte où les syndicats appellent à des augmentations salariales significatives pour suivre le rythme de l’inflation.
Une inflation contenue en France
Avec une inflation à 2,1 % en décembre, la France se situe sous la moyenne européenne. Cependant, certains domaines restent sous tension, comme la hausse des prix dans le secteur des services, atteignant 4 %. Les pressions sur les coûts de l’énergie et l’augmentation des salaires dans certains secteurs, comme les transports et la santé, contribuent également à maintenir un niveau d’inflation plus structurel que conjoncturel.
Le gouvernement français doit jongler entre la défense du pouvoir d’achat des ménages et la rigueur budgétaire imposée par les institutions européennes. Des dispositifs comme le bouclier tarifaire sur l’énergie et les chèques inflation ont permis d’amortir les chocs pour les ménages les plus vulnérables, mais ces mesures ont un coût élevé pour les finances publiques. Christine Lagarde, présidente de la BCE, pourrait faire pression sur les pays de la zone euro, dont la France, pour limiter les aides directes afin de freiner l’inflation par une réduction de la demande.
Par ailleurs, les entreprises françaises subissent aussi des pressions croissantes. La hausse des prix des services et des matières premières pèse sur leurs marges, en particulier dans les secteurs liés à la restauration, au tourisme et au transport. Ces tensions économiques, si elles se prolongent, pourraient ralentir l’investissement.
La BCE face à un dilemme
La montée de l’inflation dans toute la zone euro place la Banque centrale européenne devant un casse-tête. Si l’objectif de stabilité des prix reste prioritaire, les divergences entre les pays membres compliquent les décisions. Les économies du sud de l’Europe, comme l’Espagne et l’Italie, redoutent que des hausses supplémentaires des taux d’intérêt ne pénalisent leur croissance, alors que les pays du nord, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, appellent à un resserrement rapide de la politique monétaire pour juguler les prix.
Entre des ménages qui peinent à suivre l’augmentation du coût de la vie et des gouvernements contraints de jongler entre soutien économique et rigueur budgétaire, l’année 2025 s’annonce délicate pour la zone euro.