Pourquoi les Barcelonais ont peur du noir

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Pour la première fois à Barcelone, une enquête de l’Institut Metropolí a lié sentiment d’insécurité dans l’espace public et éclairage. Un facteur déterminant qui pose la question de « sécurité objective et subjective ».

On a souvent peur du noir étant enfant, et parfois aussi même en grandissant. Mais si les mineurs en ont peur pour cause de monstres imaginaires, les plus grands s’inquiètent eux de l’ambiance glauque inhérente aux ruelles mal éclairées, les faisant craindre pour leur bourse ou leur vie. C’est en tout cas le résultat de l’enquête annuelle menée par l’Institut Metropolí – un consortium public barcelonais – sur le sentiment de victimisation des habitants de la cité comtale, publiée en décembre 2024.

Parmi les personnes interrogées, 47% se sentent en danger lorsqu’elles passent par « des lieux mal ou peu éclairés ». Évidemment, les femmes – population la plus victimisée dans l’espace public – sont les plus sujettes à ressentir ce genre de peur : 60% des interrogées déclarent se sentir en danger dans des lieux mal éclairés, une proportion qui tombe à 32% au sein de la population masculine.

Sécurité objective et subjective

Dans les faits, une personne a plus de chances de se faire agresser dans une grande avenue éclairée de l’Eixample que dans une rue un peu sombre à Gràcia. Mais la présence ou l’absence de lumière joue sur le ressenti. Objectivement, Barcelone n’est pas moins sûre qu’une autre grande ville européenne : selon l’institut de statistiques Eurostat, elle n’est en tête d’aucuns des classements des villes européennes les plus touchées par la délinquance.

Pourtant, et l’enquête du consortium le démontre, les habitants de la ville ont peur. Il y a ici une différence entre la réalité objective (Barcelone n’est pas si dangereuse) et la réalité subjective (les Barcelonais sont très apeurés d’une criminalité imaginée), qui est due à la lumière ou plutôt à l’absence de cette dernière.

Même si elle n’est pas objective, cette peur liée à l’insécurité n’est pas absurde. En effet, elle prend sa source dans des cas avérés : la plupart des personnes interrogées et qui ont répondu positivement à la crainte de l’insécurité connaissent quelqu’un ou ont elle-mêmes déjà été victimes d’agressions dans l’espace public.

Face à ces craintes, les services de la mairie pourraient améliorer ou du moins mettre à jour le réseau lumineux, mais un nouveau problème se pose. Certains techniciens municipaux sont contre de nouveaux éclairages, qui s’ajouteraient à une pollution lumineuse déjà chargée.

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