Jean-Marie Le Pen, mort aujourd’hui à l’âge de 96 ans, n’a jamais publiquement mis les pieds en Espagne et ne s’est jamais intéressé à la politique espagnole. À deux rares – et bien sûr polémiques – exceptions près.
Deux fois dans sa vie, Jean Marie Le Pen s’est publiquement exprimé en espagnol. Avec quatre mots sulfureux : España, Una, Grande, Libre ! Une phrase bien connue en Espagne pour être un des slogans officiels du régime dictatorial franquiste, au pouvoir de 1936 à 1975.
L’ancien président du Front National l’a employé par deux fois, sur X. La première fut le 30 octobre 2017, en réponse à la déclaration d’indépendance du parlement catalan.
España, Una, Grande, Libre !
— Jean-Marie Le Pen (@lepenjm) October 30, 2017
La seconde fut en avril 2019 pour célébrer le succès électoral de Vox, l’extrême-droite espagnole, le parti jumeau du Rassemblement National.
España, una, grande y libre ! Arriba VOX !
— Jean-Marie Le Pen (@lepenjm) April 30, 2019
Un slogan franquiste
«¡Una, Grande y Libre!» résume la philosophie nationaliste du régime franquiste. Selon les cadres de la dictature, en tant qu’objet politique, l’Espagne est « Une » ou « indivisible », fermant ainsi la porte aux désirs identitaires et indépendantistes des régions espagnoles. Le pays est « Grand », une référence à l’ancien empire espagnol de l’Amérique latine et les prétentions franquistes sur le territoire africain.
Enfin, l’Espagne est « Libre ». Franco avait expliqué maintes fois sont concept de liberté, protégeant la nation espagnole de l’influence communiste de l’URSS ou du libéralisme des sociétés européennes. C’est au nom de la protection contre les influences que Franco justifiait en partie sa dictature.
Un concept que semblait apprécier Jean-Marie Le Pen, lui qui par ailleurs ne s’intéressait pas particulièrement à l’Espagne contemporaine. L’inverse n’est pas vrai.
À l’annonce de la mort du fondateur du FN aujourd’hui, les principaux journaux espagnols ont mis l’info à la une, alors que se pressent aussi dans les colonnes une foule d’articles sur la commémoration officielle des 50 ans de la mort de Franco. Il y a des hasards étranges.