Ils ont presque la trentaine, viennent des quatre coins de la France et ont un point commun : avant d’habiter à Barcelone, ils ont vécu à Amsterdam. Entre la capitale néerlandaise et la capitale catalane, il y a pourtant un monde. Pourquoi donc cette route du soleil est-elle tant prisée chez les jeunes Français ?
Photo : Bérenger Cyne
« C’était une opportunité professionnelle », commence Mehdi, 28 ans. Comme lui, Martin, 27 ans et Léa, 28 ans, ont choisi de commencer leur vie d’expat à Amsterdam. Censés rester quelques mois, ils ont finalement tous prolongé leur séjour et passé respectivement 4, 2 et 4 ans dans cette ville qu’ils aiment encore profondément.
À son égard, ils ne tarissent d’ailleurs pas d’éloges. Mehdi, designer digital qui a grandi en Bretagne et vécu là-bas de 2020 à 2023, en dresse un portrait idéal : « ce n’est pas grand, tu fais tout en vélo, c’est une très belle ville, l’aéroport est bien desservi, les gens parlent très bien anglais, la culture de la fête est incroyable, globalement tout me plaisait à Amsterdam ». Chez les deux autres, même son de cloche, Martin qui s’y est installé en 2021 et parti fin 2022 adorait « les canaux, le vélo », tandis que Léa, venue y vivre entre 2018 et 2022 s’extasie encore de « la culture et de [sa] bande d’amis incroyable ».
Amsterdam est en effet une ville attractive pour les jeunes expats. Elle regroupe plusieurs qualités dont un marché de l’emploi attractif, de bons salaires, une certaine qualité de vie. Mais elle a un problème de taille : la météo. Jeanne, elle aussi partie à Amsterdam pour un stage à la fin de la pandémie, le martèle : « s’il n’y avait pas ce mauvais temps constant, ce serait la ville parfaite ».
Photo : Alfredo Borba
Mais les faits sont là, sur une année en moyenne, la ville connait 260 jours de pluie. Surtout, il y a « un ciel gris, lourd et du vent », continue Jeanne, originaire de Marseille, et pour qui forcément l’absence de soleil est difficile à supporter. En plus, Martin pointe du doigt « la vie hyper chère », et l’impossibilité de passer du temps dehors avec un temps aussi mauvais. Alors quand ce grand sportif a vu en 2022 une nouvelle opportunité professionnelle à Barcelone, il n’hésite pas, et se met à rêver de la douceur économique et climatique de la ville espagnole.
Une différence touristique massive
En arrivant dans la cité comtale il y a deux ans, lui et sa copine s’étaient dits « on reste deux ans puis on rebouge, pourquoi pas au Royaume-Uni ». Mais deux ans se sont écoulés, et Martin et Solène ne sont pas prêts à quitter leur vie à Poblesec, leurs balades à vélo et les seulement 90 jours de pluie par an.
De leur côté, Mehdi et Jeanne qui se sont rencontrés à Amsterdam puis suivis à Barcelone ne sont pas encore totalement subjugués par la cité comtale, notamment à cause du nombre de touristes, qu’ils avaient sous-estimé. En effet la différence de masse touristique entre les deux villes est flagrante : alors que l’année passée 15 millions de vacanciers s’étaient rendus à Barcelone, seulement 9 millions ont visité Amsterdam, sans doute car elle est la ville avec la taxe touristique la plus élevée d’Europe, ce qui limite grandement son nombre de visiteurs.
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Jeanne le concède, c’est aussi parce qu’elle habite dans un quartier ultra-touristique – les abords de la cathédrale – qu’elle a du mal à s’intégrer et à passer outre tous les touristes qu’elle croise au quotidien. Mais elle n’a pas dit son dernier mot : pour 2025, elle veut déménager, et surtout tomber amoureuse de sa nouvelle ville, comme elle avait pu le faire à Amsterdam.
Le seul problème de Barcelone ? « Les salaires », explique Martin, et « moins de sûreté dans les rues qu’à Amsterdam », renchérit Léa. C’est sans doute pour ça qu’au classement Forbes des 25 meilleures villes au monde pour vivre selon les expatriés, Amsterdam est 18e et Barcelone seulement 21e. On ne peut pas tout avoir.