Partir un jour sans retour : ces expats qui ne veulent pas revenir en France

Qu’ils en soient à leur première ou énième expatriation, ils ont tous en commun d’avoir quitté le berceau natal pour tenter leur chance ailleurs. Sans envie de retour. 

“À la base, j’étais parti pour deux semestres, puis de fil en aiguille, je me suis rendu à l’évidence : je ne voulais plus revenir en France ». Arthur, Parisien de 33 ans, est arrivé à Barcelone après un Erasmus à Saint-Jacques de Compostelle. Résident depuis maintenant 10 ans en Espagne, il ne se doutait pas, en partant, qu’il prenait un aller-simple pour l’étranger. « Je suis d’abord parti en voyage en Amérique centrale et latine, avant de revenir à Saint-Jacques où j’avais une bonne base d’amis locaux puis je me suis installé à Barcelone quelques années plus tard pour motifs professionnels”.

Pour certains, comme Caroline, l’expatriation est un révélateur de personnalité : se tester dans un environnement sans filet, sans le cocon de la mère-patrie dont on connait tous les rouages. “J’ai appris à me débrouiller seule, à m’adapter, à être plus ouverte », explique la jeune Lyonnaise arrivée en pleine épidémie de Covid-19.

Kristine, elle, en est déjà à sa 4ème expatriation. Après avoir vécu au Canada et au Mexique avec un crochet par le Venezuela, cette pétillante cheffe de projet en marketing s’est installée à Barcelone. Très à l’aise en espagnol, elle est toutefois séduite par la proximité avec la France. “Je rentre deux ou trois fois par an à Lyon, et me rend à Paris de temps en temps pour le travail. Évidemment, j’adore retrouver ma famille et mes amis mais j’ai rapidement des fourmis dans les jambes et envie de retrouver mon quotidien à Barcelone.”

« La meilleure décision de ma vie »

Avec son économie florissante,classée 1ère mondiale en 2024, l’Espagne défie la tendance au déclin de l’Europe. À l’inverse, la fracture sociale et les tensions politiques en France semblent s’accentuer. “Quand je regarde les nouvelles françaises, ça ne me donne pas du tout envie de rentrer” confirme Caroline, installée à Barcelone depuis 4 ans. “Honnêtement quand j’ai mes amis au téléphone, tout le monde a l’air déprimé, et j’ai l’impression qu’on est de plus en plus nombreux à partir ». Et, en effet depuis les 20 dernières années, l’insee a enregistré une hausse de 52% de Français candidats à l’expatriation.

Un phénomène qui s’explique par une mobilité facilitée notamment par les compagnies d’aviation low cost, l’Espace Schengen, l’euro, et peut-être aussi, depuis les dernières années par une hausse de l’instabilité.

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Pour autant, vivre à l’étranger n’est pas un long fleuve tranquille. :“On a tous été à un moment ou un autre touchés par le mal du pays. D’ailleurs quand on se retrouve entre Français, on ne parle que de nourriture !” s’amuse Arthur.

Sans parler des difficultés administratives qui peuvent se révéler un vrai casse-tête. Arrivée en pleine pandémie Caroline se souvient avoir passé six mois à essayer d’obtenir le NIE. “ Je me suis sentie très seule et loin de mes proches pendant cette période mais je ne regrette absolument pas mon choix ». Avec le temps, les petites galères se transforment en anecdotes amusantes, autant de médailles durement gagnées au fil des déconvenues qui font briller les expats en société. “Après tout, conclut Arthur, je crois que m’expatrier a été la meilleure décision de ma vie.” 

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