Contrairement aux idées reçues, une étude récente démontre en quoi vivre dans l’Espagne « vide » présente de nombreux avantages, et offrirait même une meilleure qualité de vie que dans les métropoles.
Photo de couverture : Diego Delso
En France, on a la diagonale du vide. En Espagne, il s’agit plutôt du centre du vide. En effet, dans le centre du pays, entourant la province madrilène se trouvent Cuenca, Soria et Teruel, les seuls trois territoires espagnols classés par l’Union Européenne comme « territoires dépeuplés » avec moins de 12 habitants au km².
Malgré les clichés apparentés à ce genre de régions supposées vides et donc peu attractives, une récente enquête de la SSPA (Réseau des zones faiblement peuplées du Sud de l’Europe) a mis en lumière les avantages, et même mieux, le luxe que représente la vie dans ces zones.
En premier lieu, les experts évoquent – forcément – le logement, bien plus accessible dans ces territoires que dans les grandes métropoles. Le sujet du logement est un dossier brûlant à Barcelone ou à Madrid où les prix ont atteint des sommets inimaginables.
Si en Catalogne, acquérir un bien de 80m2 nécessite de débourser environ 220 000 euros, à Soria – la plus chère des régions les moins peuplées d’Espagne – comptez seulement 92 000 euros. Et à Teruel et Cuenca, où les prix ont le moins augmenté ces dernières années, il ne dépasserait pas 75 000 et 69 000 euros, respectivement.
Photos : mairie de Barcelone
Forcément, ces prix cassés vont de pair avec une meilleure qualité du logement. C’est aussi une réalité pour la location : pour le même appartement de 80m2 loué 1 400 euros par mois à Madrid, ce sera seulement 624 euros à Soria, 552 à Cuenca et 536 à Teruel.
En ce qui concerne le travail dans ces régions, bien qu’effectivement le salaire soit inférieur à la moyenne espagnole, le taux de chômage l’est aussi. En raison du vieillissement de la population, une tonne d’emplois sont disponibles dans presque tous les secteurs professionnels.
Plus de temps et plus de loisirs
Un autre point crucial qui vient démonter les clichés selon lesquels dans ces zones là il n’y a « rien à faire » est l’offre d’activités sportives et culturelles, couplée à un temps libre bien plus conséquent dans ces provinces que dans les métropoles. En effet, en moyenne dans les trois régions, l’employé « gagne » 20 minutes sur son trajet maison-travail par rapport à un citadin.
Un temps précieux pour la qualité de vie que les habitants du centre vide peuvent utiliser pour leurs loisirs. Cuenca, Soria et Teruel disposent de trente fois plus de salles de sport pour mille habitants que la région madrilène et de plus de deux fois plus de piscines couvertes. En outre, vivre dans l’une de leurs villes facilite la pratique des sports de plein air ou le rapprochement avec la nature.
Éducation et santé au top
Sur les plans de l’éducation et de la santé, aussi, l’Espagne vide remporte la mise. Les classes sont moins peuplées (environ une quinzaine dans les trois provinces contre une vingtaine en moyenne dans le pays), ce qui entraîne une plus grande réussite aux examens.
Le rapport de la SSPA identifie un autre luxe de vivre à Soria, Cuenca ou Teruel : la possibilité d’accéder plus facilement à un médecin. Le nombre de centres de santé et de cabinets médicaux par habitant est plus de quatre fois supérieur à celui de Madrid. Et ce plus petit nombre de patients par médecin signifie plus de temps à leur consacrer et un suivi plus personnalisé.
Quant au problème des hôpitaux loin des zones rurales, qui reste une réalité, il n’en est pas vraiment un, estime José Antonio Herce, qui a coordonné l’étude : « on peut craindre que l’hôpital soit loin si l’on tombe malade, mais il faut tenir compte du fait que les routes rurales sont bonnes et qu’il n’y a pas d’embouteillages ou de feux de circulation comme dans les grandes villes, de sorte que dans de nombreux cas, il n’y a pas de différence, d’autant plus qu’il existe aujourd’hui des services de transfert par hélicoptère ».
Tous ces critères font qu’en réalité la vie dans les zones peu peuplées d’Espagne est bien plus douce et d’une meilleure qualité que dans les grandes villes, continue M. Herce, qui explique l’objectif de l’enquête : « il y a un problème de perception de la réalité de la vie dans ces villes et il s’agit d’un exercice délibéré pour souligner leurs avantages le plus objectivement possible ».