L’OCDE publie un rapport sur les compétences des adultes de 31 pays. De manière générale, le niveau a baissé, et l’Espagne n’est pas épargnée par cette chute des savoirs.
Photo de couverture : Clémentine Laurent
Alors que l’on parle souvent en Europe des compétences des enfants, qu’en est-il des adultes ? Savent-ils bien lire, compter, résoudre des problèmes ? Dans un rapport publié mardi 10 décembre, l’OCDE chiffre et note les compétences des adultes de 31 pays.
Pour cette étude, 160 000 adultes de 16 à 65 ans ont été interrogés l’année dernière, soit 673 millions de personnes. Quand elle parle de « compétence », l’OCDE se base sur trois critères pour en juger : la numératie (la faculté de comprendre et maitriser les chiffres), l’alphabétisation et la résolution de problèmes.
Dans son rapport, l’organisme explique que ces trois compétences sont essentielles à la vie humaine. L’alphabétisation, d’abord « permet aux gens de traiter l’information, de communiquer efficacement et de participer à la vie civique ». De son côté, la numératie est liée à la prise de décision et à la capacité de lire et comprendre des chiffres et des données complexes. Pour terminer, les « compétences en matière de résolution de problèmes permettent aux individus de s’adapter, d’innover et de tirer parti de la technologie ».
Problème, ces dix dernières années n’ont pas été glorieuses en ce qui concerne le savoir adulte : en moyenne dans les pays de l’OCDE, 18 % des adultes ne maîtrisent même pas les compétences les plus élémentaires dans aucun domaine.
Les adultes plus âgés d’Espagne parmi les plus compétents
En ce qui concerne l’Espagne, elle se situe plutôt sous la moyenne, avec un adulte sur trois qui témoigne d’une « faible maitrise des compétences » sur les trois domaines. En France, c’est un peu mieux avec un adulte sur quatre.
Dans le détail, en ce qui concerne la lecture, la moyenne espagnole est plutôt très basse, plus de 20 points en dessous de celle de l’OCDE. En numératie, ce n’est pas aussi grave : le score moyen est de 250 points contre 263 dans l’OCDE. En résolution de problèmes non plus les Espagnols ne s’en sortent pas si mal, à 10 petits points sous la moyenne de l’OCDE.
Photo : El País CPNL Albert Garcia
Malgré ces chiffres alarmants, l’Espagne se démarque au niveau des compétences de ses aînés. Si globalement le savoir des 55-65 ans a décliné au cours des dix dernières années, ce n’est pas le cas dans la péninsule ibérique. Cette particularité « suggère que les adultes ont davantage d’opportunités de développer et de maintenir leurs compétences, même si ces opportunités ne semblent pas profiter de la même manière aux jeunes et aux adultes plus âgés », explique l’OCDE. Une bonne nouvelle qui s’explique par la place des seniors en Espagne, largement plus insérés dans la société que dans d’autres pays.
Comment expliquer ces chiffres ?
Plusieurs critères expliquent ces données et la place assez basse de l’Espagne au classement. D’abord, l’enseignement scolaire, qui joue un rôle majeur dans l’apprentissage de ces compétences. Il est montré qu’avoir fait des études supérieures permet d’avoir de meilleurs résultats en moyenne. Sauf qu’en Espagne, où presque un élève sur quatre décroche (en 2019), les études ne sont pas sur les itinéraires de tous. On interroge aussi le niveau de l’éducation dispensée, car le niveau de compétences des diplômés de l’enseignement supérieur a diminué ou stagné dans la plupart des pays.
L’OCDE rapporte également que le milieu socio-économique joue un rôle majeur dans l’apprentissage des compétences. Selon l’étude, les personnes ayant des parents très instruits le seront eux-mêmes, tandis que ceux provenant de familles peu instruites le seront aussi, et de ce phénomène est de plus en plus notable. Le fossé éducationnel s’élargit donc à mesure que les disparités salariales augmentent. En Espagne, où il existe très peu d’aides sociales, le grand écart entre les classes sociales est de plus en plus vaste, et l’on note même une disparition progressive de la classe moyenne, ce qui se répercute sur les compétences acquises par les adultes.
Pour remédier à ce problème d’inégalité, l’OCDE conclut : « il est peut-être plus important d’élargir l’accès à l’éducation que de veiller à ce que la scolarité obligatoire permette d’acquérir des compétences de base solides. Cela permettrait à chacun de partir sur un pied d’égalité pour développer des compétences et des connaissances de niveau supérieur et poursuivre des études plus poussées ».