Tous les 5 ans, la mairie de Barcelone publie un rapport chiffré et détaillé sur la vie des femmes dans la cité catalane. Et autant le dire tout de suite, malgré quelques améliorations, l’égalité entre les genres n’est pas pour maintenant.
Photo de couverture : Júlia Arnau – mairie de Barcelone
À la lecture du rapport « Le genre en chiffres. Conditions de vie des femmes et inégalités entre les sexes dans la ville de Barcelone », publié dimanche 8 décembre par la mairie, une donnée saute aux yeux. La durée de vie, seul domaine (ou presque) où les femmes barcelonaises « gagnent » par rapport aux hommes. Sauf que si elles vivent plus longtemps, elles vivent moins bien que leurs congénères masculins sur presque tous les plans.
C’est d’abord sur le plan financier que le bât blesse. Sur l’année 2021-2022, les femmes ont été 40 % à se retrouver en risque de pauvreté contre 29 % des hommes. Une différence de revenus aussi vraie plus tard dans la vie, puisqu’on note un écart de presque 600 euros entre les pensions de retraite féminines et masculines. Et cette situation financière plus précaire se répercute, forcément, sur la qualité de vie.
Preuve en est, les hommes sont plus souvent propriétaires que les femmes. Et en 2021, ces dernières ont plus souvent eu du mal à garder une température décente dans leurs foyers, et étaient plus nombreuses à avoir du retard dans leurs factures.
Un (grand) écart salarial et un record d’agressions
C’est en grande partie à cause d’un marché de travail inégalitaire que les Barcelonaises ont plus de mal à finir le mois. En ville, l’écart salarial dépasse les 17 %, et il n’y a pas de parité dans les postes de direction, rapporte l’étude de la mairie. À titre de comparaison, l’écart salarial en Espagne n’est que de 8 % sur la même période, selon le centre d’analyses Funcas.
Pour prendre l’exemple du secteur de la culture, si à Barcelone les femmes sont souvent directrices des « petites » structures comme les centres culturels municipaux, ce sont presque toujours des hommes qui sont à la tête des établissements de la « grande » culture comme les auditoriums, les conservatoires ou les théâtres nationaux.
Photo : Júlia Arnau – mairie de Barcelone
Dans la rue, aussi, les femmes sont moins considérées et plus souvent en danger que les hommes. En 2022 à Barcelone, 659 agressions sexuelles ont été traitées par les forces de l’ordre ; cela représente une augmentation de 41% par rapport à l’année précédente. Et sur toutes ces agressions, 9 fois sur 10 les victimes étaient des femmes, et toutes les agressions ont été perpétrées par des hommes.
À la maison, aussi, les femmes sont victimes d’inégalités. Elles continuent de consacrer plus d’heures que les hommes aux travaux domestiques et aux soins : 59 % d’entre elles y passent plus de 2 heures par jour, contre 35 % des hommes.
Des chiffres pour le moins alarmant, qui inquiètent aussi la conseillère pour les féminismes et la mémoire démocratique, Raquel Gil, qui explique travailler à rééquilibrer ces rapports de domination, en explorant « différentes stratégies telles que la création d’un observatoire du genre ; la transversalité de genre dans tous les domaines ; et un espace de dialogue
continu entre les femmes, les entités/organisations et l’administration pour innover et nourrir notre politique dans des domaines stratégiques pour parvenir à une véritable égalité réelle et effective ».