Le gouvernement espagnol a adopté un « congé payé climatique » permettant aux travailleurs de ne pas se rendre au travail en cas de catastrophes ou d’alertes météorologiques qui pourraient les mettre en danger. En quoi consiste cette nouvelle loi ?
La tempête DANA a déferlé en octobre dernier dans la région de Valence. Conséquence du changement climatique, cette perturbation d’une rare intensité a fait plus de 230 morts dans le sud-est de l’Espagne. Face au risque d’épisodes météorologiques tragiques, le gouvernement espagnol a approuvé cette semaine un « congé payé climatique » de quatre jours pour éviter les déplacements en cas d’alerte liée au climat.
Ce nouveau dispositif, adopté en Conseil des ministres vise à « adapter le droit du travail » espagnol au contexte « d’urgence climatique », a expliqué la ministre du Travail Yolanda Diaz sur la télévision publique RTVE. Il permettra aux travailleurs de bénéficier d’un congé de quatre jours, payé par l’Etat, en cas d’alerte émise par les autorités, qu’il s’agisse « d’une mairie, d’une région ou du gouvernement central », a poursuivi Yolanda Diaz, membre du parti d’extrême gauche Sumar. Néanmoins, la ministre n’a pas apporté à ce stade plus de détails sur le type d’alerte concerné par ce dispositif, ni sur les éventuelles conditions à remplir, du côté des salariés, pour pouvoir en bénéficier.
Limiter les déplacements en cas d’alerte climatique
Cette mesure fait donc suite aux inondations de la région de Valence. Et plus précisément lorsque plusieurs entreprises avaient demandé à leurs salariés de rester au travail malgré une alerte rouge émise par l’Agence météorologique nationale (Aemet). Les employés n’ont pas manqué de s’indigner et ont accusé à leur tour les autorités, leur reprochant de ne pas les avoir suffisamment informées et de n’avoir envoyé des alertes sur les téléphones portables de la population qu’en début de soirée, soit plusieurs heures après l’alerte météorologique lancée par l’Aemet.
Ainsi, cette législation vise à protéger les Espagnols face aux tempêtes liées au changement climatique. « Aucun travailleur ne doit prendre de risques », a martelé Yolanda Diaz. Si la durée maximum de ce nouveau congé climatique ne pourra dépasser quatre jours, les entreprises auront la possibilité, passé ce délai, de recourir à des dispositifs de chômage partiel, qui existent déjà en cas de force majeure selon l’exécutif.
Inspirée d’une loi canadienne
Le congés climatique, inspiré d’une législation similaire au Canada, s’appuiera uniquement sur les alertes de catastrophes climatiques ou météorologiques émises par les autorités. Effectivement, les entreprises canadiennes sont dans l’obligation de mettre en place des mesures spécifiques de prévention des risques en cas de catastrophes et de conditions météorologiques défavorables. Parmi elles, le droit pour les travailleurs d’être informés, dès que possible, des mesures à prendre en cas d’alerte de catastrophe, dont le fait de cesser le travail.
Cette nouvelle loi espagnole, précurseur en Europe, visant à protéger les travailleurs de la péninsule ibérique a par ailleurs été approuvée en même temps que le troisième plan d’aide aux personnes touchées par la catastrophe. La tragique tempête DANA semble ainsi accélérer l’adoption d’un nouvel arsenal législatifs en Espagne afin de faire face à l’urgence climatique.
L’Espagne peut-elle vraiment devenir la premiére économie européenne ?