Quand on est expatriés, les fêtes de fin d’année ont une saveur différente : retrouvailles, certes, mais organisation, surtout. Les Français de Barcelone témoignent.
Photo de couverture : Laura Guerrero – mairie de Barcelone
En France, le Noël traditionnel, c’est ça : une grande table, un sapin et une dinde fumante au milieu de la table. Et à peu de choses près, c’est en effet ce qui se passe chaque année dans les divers foyers de l’hexagone.
Sauf lorsque la famille a le virus de la bougeotte et que les membres sont éparpillés aux quatre coins du monde, il faut repenser ce modèle. Avions, jours de congés, taille de la valise… Autant de variables à ajouter à l’organisation déjà chargée des fêtes. « Ça me demande de mettre de l’argent de côté, mais je m’y suis pris à l’avance et je n’ai payé que 70 euros mon aller-retour pour Nantes », explique Pierre-Howard, 25 ans. Expatrié à Barcelone depuis plus d’un an, ce commercial n’est pas le seul de sa famille à avoir choisi une expérience à l’étranger : sa grande soeur Eva habite à Chypre depuis 7 ans.
Pour elle comme pour lui, rentrer voir leur mère et leur autre soeur dans le fief familial est un bonheur, mais surtout une sacrée organisation qui s’anticipe. C’est la même chose pour Tristan, qui habite dans la capitale catalane depuis 5 ans. Sauf que pour lui, Franco-Américain avec une partie de la famille à Rennes, l’autre à New-York et encore une autre à Rome, Noël est toujours synonyme de choix. Cette année, le jeune homme ira voir sa mère à Rome.
Pour les deux jeunes hommes d’ailleurs amis, l’impact financier de ces préparations importe peu. Le travail, en revanche, est un facteur plus stressant. Heureusement, le télétravail démocratisé permet désormais de prolonger son séjour dans la famille, mais allier vacances et labeur a parfois des effets secondaires. « Ma mère ne comprend pas que je ne peux pas juste arrêter d’être sur mon ordi en pleine journée et partir me balader », raconte Tristan. De son côté, Pierre-Howard n’a pas la même liberté : son entreprise ne lui offre qu’une semaine en télétravail complet. Il lui a donc fallu jongler entre jours fériés, jours de congé et jours de TT pour maximiser son temps pendant son séjour de deux semaines en terres nantaises.
Rentrer serait donc une contrainte ? Pas vraiment pour ce fier tonton, qui estime que « c’est important, [ses] neveux et nièces sont en bas âge donc ça [lui] permet de les voir le plus possible. L’idée c’est de partager de bons moments. La seule contrainte c’est de devoir travailler pendant ces jours-là ».
Déconstruire Noël
Pour se prémunir de certaines de ces problématiques, d’autres ont tout simplement décidé de laisser leurs proches venir à eux. C’est le cas de Marie, 55 ans, décoratrice d’intérieur et artiste-peintre. Avec un mari Américain et deux enfants qui vivent aux Etats-Unis, la Parisienne est toujours agréablement surprise de les voir revenir tous les ans pour Noël à Barcelone.
« Je ne demande jamais aux enfants de rentrer car j’estime qu’ils peuvent avoir envie de voyager, de le faire ailleurs. Mais ils rentrent religieusement chaque année. Ma fille a vécu 7 ans ici et mon fils 2 ans donc c’est leur maison, c’est peut-être là où ils ont le plus de repères », nous raconte celle qui vit sur les hauteurs de Barcelone, vers Pedralbes. Et leur programme de Noël varie un peu de celui que l’on voit d’habitude en France : balades au soleil, à la montagne, et peut-être un tour en catamaran sur la baie de Barcelone pour le réveillon.
Photo : Mariona Gil – mairie de Barcelone
Pas de catamaran pour Théotime, mais un Noël décidément particulier. Pour la première fois depuis son emménagement dans la cité comtale – il y a plus d’un an – ses parents viennent le voir. Un concours de circonstance, explique celui qui a toujours vécu des Noëls bruyants, en famille nombreuse : son frère habite en Australie et sa soeur sera exceptionnellement en station de ski.
Pour ce Lyonnais qui ne croit pas que Noël soit si important, « mais être avec sa famille, si », cette soirée sera spéciale, différente même, et c’est tant mieux : « ça ne va pas forcément être un vrai Noël, mais je pense que c’est bien de déconstruire ça ».