Teresa Ribera, actuelle ministre de l’Environnement espagnole, devient ce mercredi, la nouvelle vice-présidente de la Commission européenne. La BBC plaçait Teresa Ribera, il y a à peine deux ans, parmi les cinq personnes les plus influentes au monde en matière de transition énergétique et de lutte contre le changement climatique. Dans les cercles médiatiques de la bulle européenne à Bruxelles, on pense que Ribera pourrait devenir la commissaire européenne la plus puissante de l’Histoire, tous pays confondus. Pourtant, la droite espagnole a essayé de torpiller sa candidature et s’est totalement retrouvée isolée et ridiculisée au sein des instances européennes. Récit d’un fiasco inouï.
Une erreur stratégique majeure. Alberto FeijóoAlberto Feijóo, leader de la droite espagnole, et candidat permanent au poste de Premier ministre, a tenté de bloquer la nomination de Teresa Ribera, ministre de l’Écologie socialiste, à la Commission européenne. La stratégie risquée était double : rejeter sur le gouvernement les erreurs de la tempête de Valence (pour exonérer le président régional de droite) et affaiblir le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez. Une bataille qui a conduit à l’isolement complet de la délégation espagnole du Partido Popular (PP) à Bruxelles, même au sein de sa propre famille politique, le Parti populaire européen.
Au cours des dix derniers jours, la tentative du Parti populaire espagnol (PP) de bloquer la nomination de Teresa Ribera à la Commission européenne a suscité l’étonnement à Bruxelles. Avec seulement 22 eurodéputés sur les 188 du Parti populaire européen (PPE), leur influence était limitée. Des sources polonaises et néerlandaises au sein du PPE avaient déjà exprimé leur réticence à suivre cette initiative, conscientes des risques pour la stabilité de la Commission.
Dans le fond de l’affaire, en plein tumulte sur la scène internationale, entre la guerre en Ukraine et l’escalade des tensions au Moyen-Orient, personne à Bruxelles, à commencer par les responsables les plus pragmatiques, n’envisage sérieusement de bloquer la mise en place de la nouvelle Commission européenne. À cela s’ajoutent les enjeux électoraux majeurs en Allemagne, où la coalition conservatrice pourrait reprendre le pouvoir en février prochain. Une paralysie institutionnelle à Bruxelles serait perçue comme un risque inutile.
Et sur la forme, le Parlement européen n’est pas un Parlement national avec des partis de gouvernement et d’opposition. Il fonctionne sur un équilibre délicat où conservateurs, libéraux, socialistes et écologistes coopèrent et votent souvent ensemble. Ils désignent le gouvernement européen (la Commission européenne) et le soutiennent, bien qu’ils débattent et, le moment venu, approuvent ou rejettent ses propositions législatives. Seule une partie de la gauche alternative et les groupes d’extrême droite restent en dehors de ce jeu.
Un pari risqué
Essayer de faire un coup de politique politicienne nationale au sein de cette machine composée de 720 eurodéputés issus de plus de cent partis est impensable. Le PP n’a jamais eu la moindre chance de bloquer la nomination de Ribera, car cela aurait déclenché un effet domino qui aurait fait s’effondrer toute la Commission. Avec seulement 22 eurodéputés sur 720 et dans l’opposition en Espagne, c’était une chimère.
Pire que tout, le PP espagnol (PP), devant avaler son chapeau dans la nomination de Ribera, se trouve face à un dilemme. S’il vote contre la socialiste, son feu rouge s’étendra à 14 des 26 commissaires européens proposés par le Parti populaire européen dont plusieurs à des postes-clés. Le vote étant par bloc.
Seule satisfaction pour la droite espagnole, face au blocage, pour assurer sa victoire, Pedro Sanchez a annoncé qu’il levait le cordon sanitaire tissé autour de deux candidats de droite dure : les Hongrois et Italiens. Le Premier ministre espagnol justifie sa décision afin de préserver l’équilibre politique au sein de l’Union. La droite répond que Sanchez a pactisé avec l’extrême droite et qu’il a ainsi trahi sa dernière valeur. Maigre lot de consolation dans cette déroute.