Les « built to rent » sont des immeubles exclusivement dédiés à la location et gérés comme des espaces de vie à part entière. Visite guidée.
Photos : Propia – Equinox
De l’extérieur, c’est un immeuble neuf comme les autres, dans une petite impasse du quartier de Sants. Façade beige, larges balcons noirs, entrée avec clavier numérique. En réalité, tout ici est monitoré par les nouvelles technologies. On appelle à l’interphone et c’est une notification qui arrive directement sur le téléphone du résident. L’application le connecte directement à la vidéo de l’entrée, et il peut choisir d’ouvrir ou non, toujours depuis son portable. « Si on n’est pas là, on peut quand même ouvrir au livreur Amazon qui dépose alors le colis dans la boite aux lettres, elle aussi intelligente », explique Alba Casado, la building manager, en français la directrice de l’immeuble.
La jeune femme gère l’espace et tous les petits soucis des voisins, mais refuse d’être appelée concierge. « Je m’occupe de créer une communauté, je ne pense pas que ce soit tout à faire le même métier ». Car ici tout est pensé pour que les résidents se croisent et se connaissent, entre un petit espace de coworking au rez-de-chaussée ouvert 24 heures sur 24, une terrasse avec tables, chaises et machines sportives, un lobby-bibliothèque cosy et surtout de fréquents événements organisés par Alba. « À l’époque de nos grands-parents, tout le monde se connaissait dans un immeuble, mais on a tendance à se déconnecter, à devenir plus individualiste, alors ici on crée du lien et on crée une communauté ».
Un engagement social et environnemental
Dans la mouvance des espaces de coworking, ces immeubles nouvelle génération ne sont encore qu’au nombre de trois mais pourraient vite se multiplier. L’entreprise derrière celui d’Alba, Propia, propose uniquement des baux de résidents d’une durée de sept ans, misant sur la fidélisation et la responsabilité sociale comme enrironnementale. Une pratique à contre-courant de nombreux propriétaires barcelonais qui ont décidé de se tourner vers la location temporaire pour une meilleure rentabilité. Et des loyers en-deçà des prix du marché avec des appartements flambants neufs de 45 mètres carrés à 1000 euros ou 100 mètres carrés à 1700 euros.
Avec de telles conditions, l’immeuble, ouvert en juin, a vite trouvé preneurs pour ses 71 logements. Etudiants, jeunes actifs, retraités, familles… Les profils sont variés mais majoritairement jeunes. Ici, tout se passe via l’application mobile : ouverture du hall d’entrée et de l’appartement (même à distance), suivi de consommations d’eau et électricité, demandes de petites réparations ou encore réservation du barbecue. A l’entrée, tout le monde salue Alba. « Je les connais tous par leur prénom, car je leur ai personnellement remis leurs clés ». Sur la terrasse, père et fils s’attardent face à une vue imprenable sur le musée d’art catalan et la colline de Montjuic. De l’autre côté, le soleil commence à descendre derrière le Tibidabo. Et pour l’instant, cinq mois après l’ouverture, tous les locataires semblent ravis et aucun n’est reparti. « Tout le monde ne participe pas aux événements, c’est selon les envies et les personnalités de chacun, mais l’ensemble des services est très apprécié », poursuit la directrice qui a officié douze ans dans l’hôtellerie de luxe.
Des services en perpétuelle mutation, pour s’adapter aux usages d’aujourd’hui. A Madrid, un édifice encore plus grand ouvrira en début d’année prochaine. Avec piscine, piste de padel et un espace pour toiletter son chien. « Nous remarquons que nous avons plus de chiens que d’enfants, ce sont les familles d’aujourd’hui ! ». Les immeubles du futur n’ont pas fini de nous surprendre.