Après les pluies torrentielles et les crues à Valence, la gouvernement catalan s’inquiète lui aussi de ses zones inondables. Il s’interroge surtout du sort des structures construites sur de telles zones : les détruire serait-il la bonne solution ?
Photo de couverture : Equinox
À l’aune de la COP29 et après les dégâts à Valence, le gouvernement catalan se penche sur la gestion des maisons, campings et autres bâtiments construits sur les zones inondables. L’Agence catalane de l’eau estime que 15 % du territoire catalan est exposé au risque d’inondation, et que plus de 700 000 personnes (9 % de la population) vivent actuellement dans ces territoires.
Tout récemment, Salvador Illa, le président du gouvernement catalan, a demandé une actualisation de la carte des zones inondables. Et bien qu’il n’ait pas parlé d’expulsion ou de déconstruction pour le moment, il a évoqué des « décisions drastiques » concernant certains campings catalans dont la situation géographique apparait « préoccupante ».
De l’avis des experts, détruire les bâtiments déjà existants serait très complexe, et ils privilégient plutôt la solution de la non-reconstruction des édifices déjà démolis par les eaux. C’est ce que vit un club de voile de Tarragone, qui a vu en 2022 un de ses bâtiments emportés par les intempéries, et encore 50 mètres carrés de terrain perdus cette année. Des mètres carrés que le club ne récuperera pas, conformément à la décision du ministère de la transition écologique de ne plus construire sur le front de mer.
Même problème dans la commune balnéaire de Montgat, à l’est de Barcelone, où 60 mètres de plage ont été perdus, ainsi que de vieilles maisons de pêcheurs installées en première ligne. Ici non plus ces structures ne seront pas récupérées. À Sitges et Mataró, non loin de la métropole, les maires reconnaissent la présence de constructions sur des zones inondables mais assurent que des mesures de sécurité ont été prises et qu’elles ne représentent pas de danger pour le moment.
La Barceloneta en danger
À Barcelone, pas de danger immédiat, mais à terme certains bâtiments seront également concernés par le problème de la montée des eaux. Par exemple, sur la carte des zones à risque inondable moyen (inondations tous les 100 ans) consultable sur le site du gouvernement espagnol, la Barceloneta apparait en danger. Dans ce scénario, la mer remonterait jusqu’à recouvrir complètement le quartier et le faire disparaitre.
Paradoxalement certains projets immobiliers sont encore en cours sur ces territoires périlleux, notamment le controversé plan d’extension de l’aéroport d’El Prat, imaginé dans le delta du Llobregat.
Un projet insensé et dangereux selon les experts. C’est en tout cas ce que conclut Carmen Llasat, professeure de physique atmosphérique à l’université de Barcelone, dans le journal El País : « je pense qu’il est difficile de proposer la déconstruction des bâtiments, mais il devrait être obligatoire de ne pas reconstruire dans des endroits qui ont déjà été détruits par des inondations. L’essentiel est d’être restrictif dans les plans d’urbanisme et de ne pas autoriser de nouvelles constructions dans ces zones ».