Le lundi, Equinox laisse ses colonnes à une personnalité francophone de Barcelone. Cette semaine, c’est Lilia Balah, créatrice de l’agence 40A Focus Agency, qui nous parle de l’éducation en catalan à Barcelone.
Photo de couverture : Ceci Fimia, mairie de Barcelone
Cet été, nous avons dû faire un choix crucial pour l’avenir de nos enfants.
Arrivés à Barcelone il y a deux ans, ma famille et moi avons plongé dans une nouvelle vie, avec son lot d’inconnues et d’aventures. Après avoir quitté la France, cherché un appartement, et déménagé, nous avons dû aussi décider de l’avenir scolaire de nos enfants, alors âgés de 5 et 10 ans. Quelle école choisir ? L’école française, pour un environnement familier, ou l’école catalane, pour s’ouvrir à la culture locale et s’intégrer dans notre nouvelle communauté ?
Nous avons opté pour l’école française, sans doute par prudence, pour les protéger dans ce grand changement. Entre l’école française Ferdinand de Lesseps et le Lycée Français de Barcelone (LFB), nous avons choisi Lesseps, un établissement plus petit et proche de chez nous, qui semblait rassurant.
Tout s’est bien passé la première année. Mais la deuxième année, notre aîné a dû passer en 6e, ce qui impliquait un transfert obligatoire au collège du LFB. Ce nouvel environnement, plus grand et impressionnant, avec ses nouvelles règles et visages, a vite généré fatigue et stress. Son sourire s’effaçait face à la rigidité du corps enseignant. En tant que parents, nous nous sommes sentis impuissants face à cette transition qu’il n’avait pas choisie. Cette année-là fut exigeante et marquée par le stress.
Puis cet été est arrivé, avec son lot de surprises. Nous avons déménagé une deuxième fois, en quête d’un loyer plus raisonnable (comme beaucoup) et de quartiers moins bruyants. La question de l’école est revenue : avions-nous fait le bon choix en restant dans le système français ?
Finalement, nous avons décidé de sauter le pas et d’inscrire nos enfants dans une école catalane. Cette décision, prise en famille, a apporté un immense soulagement pour notre aîné, mais aussi une pointe de tristesse chez notre cadette, qui devait s’éloigner de ses amis. J’avoue que nous avions initialement hésité, craignant la barrière de la langue et l’idée de ne pas pouvoir les accompagner aussi facilement dans leurs apprentissages. Pourtant, en à peine un mois et demi, ils se sont transformés. Chaque jour, ils rentrent avec le sourire, ravis d’apprendre le catalan, enchantés par la bienveillance des enseignants, qui prennent le temps d’expliquer et de répéter.
Les activités ludiques et les projets collaboratifs ont apporté une nouvelle dynamique dans leur vie d’écoliers. Ils ont trouvé leur place, et nous avons trouvé la nôtre, dans une communauté accueillante, qui valorise le bien-être des enfants autant que leur apprentissage. Je les entends parler en catalan et en espagnol avec plus d’ aisance, et je me dis que, finalement, ce choix si redouté était peut-être le meilleur que nous pouvions faire.
Aujourd’hui, je me surprends à regretter de ne pas avoir opté pour l’école catalane dès le début. Cette décision, que nous avions d’abord repoussée par peur, s’est révélée être une source d’épanouissement pour eux. À travers ce parcours, j’ai compris qu’il ne faut jamais sous-estimer la capacité d’adaptation des enfants ni notre rôle, en tant que parents, à les soutenir dans des choix audacieux. Car parfois, ce que l’on craint le plus se révèle être une source de bonheur et
d’épanouissement inespéré.