Une étude récente montre que les bébés qui apprennent à parler plusieurs langues pourraient bien développer une sensibilité accrue à la musique au cours de leurs premières années.
Par rapport aux petits qui n’apprennent qu’une seule langue, les enfants bilingues (ou multilingues) sont capables de déceler d’infimes variations de tonalité dans le langage. Afin de comprendre si cette sensibilité était associée spécifiquement au langage, deux chercheurs ont testé la sensibilité des enfants aux changements de tonalité musicale. René Kager et Liquan Liu, ont découvert sur un échantillon de 42 bébés de 9 mois que les nourrissons qui grandissent dans un environnement bilingue sont plus en mesure de distinguer la différence entre deux notes de violon que leurs comparses monolingues.
Cette découverte mène à penser que les petits bilingues sont dotés d’une plus grande sensibilité auditive que les enfants monolingues. Autrement dit, les expériences multilingues de ces enfants les rendent peut-être plus aptes à détecter de petites différences dans leur environnement sonore, quelle que soit la nature du son (musique ou langage).
Il a été prouvé que le fait de parler une langue à tons (ou langue tonale) comme le chinois facilitait la perception musicale, sans doute parce qu’on y emploie différentes hauteurs pour prononcer les mots. La recherche menée actuellement suggère qu’il en va de même pour les enfants bilingues (quelles que soient les langues qu’ils parlent).
Sensibilité aux sons
Quand les enfants apprennent deux langues différentes, ils construisent un système mental plus complexe et plus détaillé, dans lequel la superposition des sons et leurs différentes hauteurs leur permettent de mieux comprendre les phénomènes sonores, au-delà même du langage.
Ces bébés bénéficient d’une certaine expérience en matière de détection et de distinction fine de différences entre deux langues, et ils utilisent ces capacités pour améliorer leur perception du son en général, et donc leur perception de la musique.
Les chercheurs ont aussi posé l’hypothèse selon laquelle les enfants multilingues sont plus attentifs aux détails sonores que les enfants monolingues, car étant accoutumés à passer d’une langue à l’autre, leur cerveau et leurs oreilles sont « entraînés ».
Photo : Joanna Chichelnitzky – mairie de Barcelone
Être bilingue, un atout
Les effets du bilinguisme ne sont pas restreints au langage. En effet, quand un bilingue s’exprime, tous les langages qu’il connaît s’activent dans son cerveau et, pour parler, il jongle constamment entre les fonctions de suppression et d’activation associées au langage. Selon certains chercheurs, les bilingues ont de meilleures capacités cognitives que les monolingues, notamment en termes de fonctions exécutives. Les avantages du bilinguisme apparaissent très tôt chez les enfants.
Outre leur sensibilité sonore accrue par rapport au langage et à la musique, les nourrissons bilingues sont plus doués que les monolingues pour : identifier et détecter de nouvelles informations, adopter de nouvelles règles et de nouveaux comportements et ajuster ses objectifs en fonction, faire preuve de plasticité cérébrale à l’écoute d’une langue qui n’est pas la langue maternelle, distinguer ou à reconnaître des langages différents, apprendre simultanément de deux structures de discours différentes, interpréter les intentions du locuteur, se montrer sensibles aux indications visuelles associées au langage, faire preuve de facilités en matière de communication sociale et utiliser leur mémoire de travail.
Le bilinguisme accroît les capacités cognitives
Les chercheurs ont constaté que les enfants bilingues sont capables de distinguer entre leurs deux langues dès le début de l’apprentissage et que leur rythme d’apprentissage du langage est identique à celui des enfants monolingues qui ont reçu la même exposition au langage.
Qu’il s’agisse d’apprendre une nouvelle langue, de reprendre la pratique d’une langue que vous avez déjà parlée, ou d’élever votre enfant pour qu’il devienne bilingue, le bilinguisme est un excellent moyen d’améliorer ses capacités de perception, de cognition, d’apprentissage et même de modifier la structures de votre cerveau.
Liquan Liu, Lecturer, Western Sydney University
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.