C’est la tempête du siècle. À Valence, ce mercredi, cette catastrophe naturelle entraine avec elle plus d’une centaine de vies perdues et un nombre incalculable de personnes disparues, activement recherchées par les pompiers et l’armée espagnole en renfort. Ce phénomène est une résultante directe du réchauffement climatique.
Il y a certes l’erreur humaine et institutionnelle qui a amplifié les dégâts, comme nous le détaillons dans l’article 100 morts dans la tempête en Espagne : à qui la faute ? Mais cet événement climatique, autrefois appelé « gouttes froides » en Espagne, se produisait trois à quatre fois par an, principalement en novembre, avec une intensité faible. Aujourd’hui, la fréquence augmente tout au long de l’année et devient destructeur.
Ce type de tempêtes se forme via un processus similaire à celui des ouragans atlantiques comme aux USA ou des typhons de la mer de Chine, bien que leur ampleur et leur puissance en Méditerranée soient moindres. Il y a quelques décennies, l’évaporation de la mer Méditerranée se concentrait en fin d’été, lorsque la température de surface était encore chaude. Aujourd’hui, cette température reste élevée toute l’année, entraînant une évaporation continue qui propulse des volumes importants de vapeur d’eau dans l’atmosphère.
Parallèlement, le réchauffement rapide des régions polaires affaiblit le courant-jet polaire, une bande d’air située à environ 11 000 mètres d’altitude. Ce ralentissement provoque de grandes ondulations, ou « méandres », qui laissent pénétrer des masses d’air froid d’origine groenlandaise au-dessus de la Méditerranée. Lorsque l’humidité méditerranéenne rencontre cet air froid en altitude, la condensation libère d’immenses quantités d’énergie, intensifiant ainsi les précipitations. Le résultat est un épisode de pluies diluviennes concentrées sur la côte méditerranéenne espagnole, mais aussi parfois jusqu’aux Alpes et en Europe centrale.
Réchauffement climatique : un catalyseur pour la tempête de Valence
L’activité humaine a massivement exploité une énergie accumulée par les plantes et les animaux, durant plusieurs centaines de millions d’années : les hydrocarbures. En brûlant charbon, pétrole et gaz naturel, des composés polyatomiques comme le dioxyde de carbone et le méthane se libèrent dans l’atmosphère, capturant et réémettant les rayons infrarouges émis par la surface terrestre. Ce processus est à la source du réchauffement climatique, intensifiant les phénomènes extrêmes tels que la tempête de Valence.
Le phénomène d’alternance entre périodes froides et chaudes, connu sous le nom de glaciations, s’est produit huit fois au cours du dernier million d’années. Cependant, aujourd’hui, l’augmentation des gaz à effet de serre, associée à la fonte des glaces et à l’élévation du niveau des mers, accélère ce processus de réchauffement.
Alors que l’humanité peine à réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation devient une nécessité. En Espagne, des solutions concrètes et locales pourraient être envisagées pour limiter les inondations : reforestation massive des montagnes, construction de micro-réservoirs sur les pentes et aménagement de bassins de rétention. Ces mesures freineront l’arrivée des eaux vers les plaines inondables et permettront une absorption progressive de l’eau dans les sols, qui la libéreront peu à peu dans les rivières.
Bien que la lutte contre le réchauffement climatique exige des efforts globaux, ces solutions locales, abordables et génératrices d’emplois, pourraient offrir une réponse immédiate et efficace aux défis climatiques qui se multiplient dans les régions méditerranéennes.