Le bilan s’alourdit en Espagne après le passage de la tempête qui a emporté avec elle près d’une centaine de vies. Une dépression atmosphérique d’une rare intensité s’est abattue sur Valence et d’autres provinces du sud-est espagnol. Ce désastre devient le plus coûteux de l’histoire du pays.
Des milliards d’euros de dégâts sont attendus à cause de la tempête du mercredi 30 octobre à Valence. Dans le secteur des assurances, les experts peinent à se rappeler un événement d’une telle ampleur, tant en termes d’impact sur les infrastructures que sur les logements, l’industrie, les centres commerciaux, les exploitations agricoles et les véhicules.
Des pertes qui vont atteindre des niveaux sans précédent. La seule référence, de très loin, est une tempête qui avait ravagé la côte méditerranéenne espagnole en 2019 et avait infligé 2,27 milliards d’euros de dégâts, incluant les infrastructures, les fermetures prolongées des commerces et les dommages au mobilier urbain. Le coût de la catastrophe de 2024, tristement historique, sera bien plus élevé.
Dès l’aube de ce mercredi, les grandes compagnies d’assurances espagnoles comme Mapfre, Mutua Madrileña, Línea Directa, Generali et Zúrich Seguros ont mobilisé leurs équipes pour répondre aux besoins des sinistrés. Le nombre de demandes de secours a été tel que les lignes téléphoniques dédiées ont été saturées par moments. Dans les premières heures suivant la catastrophe, les assureurs se sont concentrés sur les besoins les plus urgents des sinistrés, puis sur le rétablissement des services d’eau, d’électricité, de gaz et d’internet. Et il y a du travail, car hier soir, mercredi, 5 000 véhicules étaient toujours bloqués sur une route ou autoroute. Les intempéries ont provoqué des coupures de courant qui touchaient encore mercredi soir 115 000 foyers, des fermetures de routes et la suspension des liaisons ferroviaires à grande vitesse entre Madrid et la Communauté valencienne, ainsi que le corridor méditerranéen vers Barcelone.
L’État va couvrir les frais de la tempête en Espagne
Alors que le bilan humain et matériel s’alourdit, la question des indemnisations se pose pour les familles et entreprises qui ont perdu leurs biens. Dans une catastrophe d’une telle envergure, le Consortium de Compensation des Assurances (CCA) opère un rôle central. Cet organisme public, dépendant du ministère de l’Économie, est financé par des prélèvements sur les polices d’assurance.
Ici, les dommages causés par la tempête seront principalement couverts par cette entité, qui indemnise les dégâts provoqués par les catastrophes naturelles comme les pluies torrentielles ou les ouragans. Que ce soit pour les logements ou pour tout véhicule assuré. Au vu de la gravité de la situation, même les véhicules assurés au tiers sont couverts pour les dommages liés aux inondations. Le CCS indemnisera également les commerces dont les stocks ont été détruits par l’eau, les agriculteurs pour les arbres fruitiers perdus, et les entreprises touchées par une perte de revenus suite aux fermetures. En cas de décès, le Consorcio indemnisera les ayants droit si une assurance-vie était en vigueur.
Le ministre de l’Économie, Carlos Cuerpo, a confirmé sur la plateforme X que le CCA interviendra dès que ses experts pourront accéder aux zones touchées pour évaluer les dégâts. Plusieurs associations ont demandé au gouvernement de déclarer l’état d’urgence (anciennement « zone sinistrée ») pour débloquer des aides exceptionnelles destinées aux zones les plus touchées.
Mais tout n’est pas si facile. Si l’on reprend le cas de la tempête de 2019, les dommages couverts par le CCA ont été de 478 millions d’euros. Soit 5 fois moins que les 2,27 milliards d’euros de dégâts.
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