Le PDG de la plateforme allemande de livraison à domicile Glovo, Oscar Pierre, sera entendu d’ici la fin de l’année au tribunal de Barcelone pour délit contre les droits des travailleurs.
On ne peut pas passer un jour à Barcelone sans voir un de ces livreurs, gros sacs à dos carrés jaune sur les épaules, « Glovo » inscrit en énorme et en bleu. Sauf que cette espèce, qui compte 13 000 individus en Espagne, est en voie de disparition. Le 3 décembre prochain, Oscar Pierre, cofondateur et PDG de la plateforme sera entendu au tribunal de Barcelone pour délit contre les droits des travailleurs.
En effet, malgré l’application gouvernementale en 2021 de la loi des « riders », qui stipule que les livreurs doivent être obligatoirement salariés et non pas auto-entrepreneurs, Glovo n’a pas changé son modèle de business.
La défense en est convaincue, les livreurs Glovo travaillent en qualité « d’autónomos », c’est à dire d’indépendants, ce qui pose problème, comme l’explique le parquet dans sa plainte à l’encontre du PDG : « Glovo utilise des travailleurs à qui elle demande de s’inscrire au régime spécial de travailleurs indépendants de la sécurité sociale, en établissant avec eux une relation commerciale apparente qui permet de réduire ses coûts d’entreprise, en ne garantissant pas un salaire professionnel conforme à la durée de travail réalisée, et en évitant de verser à la Sécurité sociale les cotisations sociales correspondantes à ces personnes ».
Des millions d’euros d’amende et une peine de prison potentielle
Ce système illégal apporte un gain d’argent non négligeable pour la société, mais à quel prix ? Pendant le procès, Oscar Pierre pourra être accompagné de son avocat. Il aura le droit de refuser de répondre ou de ne répondre qu’aux questions qu’il jugera pertinentes, y compris uniquement à celles de sa propre défense, contrairement aux témoins.
Glovo encourt à l’issue de ce procès des amendes potentielles s’élevant à 950 millions d’euros, un montant conséquent qui pourrait faire fermer l’entreprise. Oscar Pierre, pour le moment pas encore démis de ses fonctions à la tête de la structure, risque de six mois à six ans de prison, en accord avec une nouvelle loi de 2023 pénalisant sévèrement ceux qui « favorisent les faux indépendants ».