Alice, le chapelier fou, la reine de coeur et le Chat de Cheshire investissent avec turbulence et fantaisie l’espace de la CaixaForum de Barcelone. Une plongée dans le trou du lapin aussi délirante et instructive que l’est le conte de Lewis Carroll.
Photo de couverture : Equinox
Tout le monde a déjà lu, vu, ou ne serait-ce qu’entendu parler du chef d’oeuvre de 1865 de Lewis Carroll, « Alice au pays des merveilles ». Traduite dans plus de 170 langues, l’histoire de cette petite fille de l’époque victorienne est aussi amusante qu’instructive, philosophique que divertissante, tout comme l’exposition qui lui est consacrée jusqu’au 16 février à la CaixaForum de Barcelone.
Que dire d’Alice ? Et pourquoi pas tout ? C’est ce qu’ont décidé les créateurs de l’exposition « Les mondes d’Alice ». D’abord, bien sûr, une partie historique, nécessaire pour comprendre les enjeux du conte du britannique, et la folle liberté avec laquelle Carroll écrit alors même qu’il vit dans une des époques les plus austères de l’Histoire de l’Angleterre : l’ère victorienne. Débute alors un voyage à travers les salles et les époques, pour réaliser à quel point Alice a inspiré tous les artistes, sur tous les continents, de Yoko Ono à Salvador Dalí.
Politique, inspirante et poétique
On découvre des dizaines d’anecdotes sur les adaptations réussies ou non du conte. Bien sûr, les populaires, celles de Disney et de Tim Burton, mais aussi celles de pays plus lointains comme cette adaptation en anime venue du Japon. On apprend aussi qu’un projet cinématographique signé Aldous Huxley et Dalí a débuté en 1930 mais n’a jamais vu le jour. À travers les pièces, on est saisis, aussi, par la portée politique d’Alice. Son pied-de-nez au comportement absurde et autoritaire de la reine de coeur servira d’exemple et d’inspiration pour bon nombre de peuples oppressés par une dictature.
Photo : Equinox
Découpée en 5 parties (L’invention d’Alice, À travers l’écran, Alice, porte ouverte sur d’autres mondes, Alice sur scène et Devenir Alice), l’exposition est à la fois sérieuse par son histoire mais aussi complètement délirante. Au-delà des très nombreuses archives de dessins, textes et objets, on y trouve des installations rappelant l’univers du livre, et même un jeu de cartes qui nous exhorte à recréer les conversations absurdes d’Alice et du chapelier fou dans la scène de l’heure du thé.
La dernière salle propose une sorte de méditation guidée. Équipés d’un casque, nous écoutons la voix d’Alice qui nous fait rencontrer le Chat du Cheshire avec son sourire énigmatique. Elle nous demande aussi « Qui pensez-vous être ? ». On ne sait pas trop, c’est vrai. Mais après avoir traversé l’exposition, on sait assez bien qui est Alice, et c’est un bon début.
