Malgré des décennies de croissance économique, les citoyens catalans sont aujourd’hui moins riches qu’au début du millénaire.
Photo : Bérenger Cyne / Equinox
Selon l’INSEE catalan (Idescat) et des analyses de la Chambre de Commerce de Barcelone, dirigées par Joan Ramon Rovira, les habitants de la Catalogne consomment 12% de moins en moyenne qu’au début des années 2000, une fois l’inflation déduite. Ce constat illustre un paradoxe : bien que le PIB de la région ait augmenté de 45 % entre 2000 et 2024, la consommation moyenne des ménages n’a progressé que de 23 %. La population catalane consomme donc moins aujourd’hui qu’il y a deux décennies, signe d’un appauvrissement global.
Pour comprendre cette évolution, il est nécessaire d’analyser le revenu disponible des ménages. En 2002, la moyenne annuelle par habitant était de 19 270 euros. En 2021, ce chiffre avait chuté de près de 1 000 euros, toujours en prenant en compte l’inflation. Cette baisse du revenu disponible, combinée à l’augmentation des taxes et cotisations sociales, limite la capacité de consommation des habitants. Ce phénomène, qui affecte aussi le reste de l’Espagne, est lié à un modèle économique centré sur des secteurs peu productifs comme le tourisme, intensifs en main-d’œuvre mais peu créateurs de valeur.
Les effets de la crise de 2008
Cette divergence entre la croissance économique et la consommation des ménages a commencé après la crise financière de 2008. Avant cette date, les deux indicateurs évoluaient de manière synchronisée, mais la chute de la consommation post-crise n’a jamais été totalement corrigée. « Le PIB et la consommation devraient évoluer de manière parallèle en temps normal, mais ici, nous constatons un dysfonctionnement structurel de l’économie », explique l’auteur de l’enquête Joan Ramon Rovira. Ce problème de productivité, également observé à l’échelle nationale, éloigne progressivement l’Espagne de la moyenne européenne.
L’un des facteurs sous-jacents à cette stagnation est l’absence d’investissements dans des secteurs à forte valeur ajoutée et une faible productivité. La solution réside, selon Rovira, dans une augmentation qualitative des investissements, notamment dans les technologies et la formation des travailleurs. Le défi pour la Catalogne, tout comme pour l’Espagne, est de réorienter son modèle économique vers des secteurs plus productifs afin de permettre une réelle amélioration du niveau de vie des citoyens.
