Fut une époque où en Espagne, il y avait à chaque coin de rue un bar et un distributeur automatique de billets. Si les premiers font toujours partie du panorama, les seconds tendent à disparaître.
Paypal, Bizum, applis de sa banque sur son téléphone et distributeurs bancaires ne font pas bon ménage. Il y a quelques années, il n’était pas rare de voir chaque vendredi, les Barcelonais faire la queue devant les distributeurs pour palier aux dépenses du week-end. Des « cajeros » qui souvent se trouvaient à sec ou sans billets de 20 euros ne restant que des grosses coupures, tant la demande était forte.
Signe des temps, désormais, ce sont les terminaux à cartes bancaires qui peuvent ramer durant les samedis de shopping tant les réseaux sont surchargés. Par ailleurs, à Barcelone, presque tous les commerçants, même les marchants ambulants légaux acceptent la CB. Dans les autres cas, la plupart acceptent les paiements par Bizum ou Paypal. Même pour acheter des roses à un euro, le jour de la Sant Jordi.
Le Covid et le renforcement des mesures sanitaires ont encore accéléré le mouvement : on a de moins en moins envie de toucher des pièces et des billets frôlés auparavant par des milliers de doigts et fourrés dans des centaines de poches. Même les cartes bleues physiques perdent de leur popularité, remplacées par leurs sœurs digitales, bien lovées sur les écrans de téléphones. On estime que dans des pays comme la Norvège, la Chine, la Corée ou l’Australie, l’argent sous forme d’espèces aura disparu d’ici à 2030. A New-York, on peut régler par carte, sans carte : en utilisant uniquement l’empreinte de son doigt.
À Barcelone, en 2018, il y avait 1.214 distributeurs, il n’en reste aujourd’hui que 717. Et encore, les banques vont remplacer, petit à petit, les machines classiques par des distributeurs inversés. Il sera possible de se « loguer » avec sa carte bleue pour mettre de l’argent liquide sur son compte en banque, au lieu d’en sortir.
Cette modernisation pose cependant un problème pour certaines populations, par exemple, les personnes très âgées, pas spécialement à l’aise avec les nouvelles technologies. À tel point que la Mairie de Barcelone parle de « désertification bancaire » et a demandé aux entités, cette année, de réinstaller plus de 150 distributeurs dans la ville.