Les prostituées du Camp Nou, les vieux, les malades chroniques, les transsexuels, les migrants, autant de communautés souvent invisibilisées et pour une fois mises en valeur – avec brio – dans l’exposition « Desprès del vendaval » au centre Santa Monica.
Photo de couverture : Lucille Souron
Comment lutter contre un système oppressant quand on est une minorité ? Comment faire front, ensemble ? La lutte collective est un concept millénaire, et qu’il soit militant ou artistique, comme c’est le cas ici, il est toujours passionnant. Dans l’exposition patchwork « Desprès del vendaval » présentée au centre Santa Monica, les collectifs se suivent mais ne se ressemblent pas. Installation après installation, les voix que l’on n’entend pas d’habitude crient leur colère contre la société normée et leurs revendications : eux aussi ont des droits, il est temps de les écouter.
Le parcours nous mène à travers sept installations artistiques, politiques et poétiques imaginées par des associations et collectifs barcelonais autour de thématiques différentes. La Creatura reconstruit par exemple un bureau administratif dans « Oficina (de reparación) de los sueños desistidos » pour mettre en scène le manque d’argent et ses conséquences sur les rêves et les projets des jeunes. L’objectif est de questionner les obstacles imposés par l’administration.
Photo : Lucille Souron
Juste à côté, Agitació Diska, un collectif qui défend les droits des personnes invalides nous emmène à la rencontre des personnes malades, qu’elles souffrent de maladies chroniques, d’IST ou d’autres handicaps. Elles mettent en scène par un journal intime, une vidéo, des objets du quotidien, toutes les caractéristiques de leur vie peu commune. Et on s’émeut autant qu’on rit avec elles, lorsqu’elles nous montrent les difficultés financières liées au prix des médicaments ou leurs rapports difficiles avec les autres et elles-mêmes.
Le point d’orgue de l’exposition est sans aucun doute l’oeuvre de Tirititrans Trans Trans : « Métete en la cama con una puta ». Une grande installation en plusieurs parties qui instaure un dialogue entre les prostitutées transsexuelles travaillant au Camp Nou et nous, le spectateur. Dans cette oeuvre hybride qui mélange vidéos, installation physique d’une chambre et textes, les travailleuses du sexe racontent leur vérité, rarement prise en compte. Elles nous parlent des injustices, du mépris dont elles sont l’objet, du difficile accès au logement… Un récit intense et encore trop rare, qu’il est plus que nécessaire de mettre en lumière.
Photo : Lucille Souron
« Desprès del vendaval » est une exposition comme on n’en fait qu’à Barcelone, c’est à voir absolument, et c’est gratuit.
