Finis, les enterrements de vies de jeunes filles bruyants et un peu beaufs dans tout Barcelone. L’EVJF 2024 sera discret, ou ne sera pas. C’est en tout cas ce qu’on a cru comprendre en faisant un bout de chemin avec une future mariée.
C’est un dimanche de fin septembre comme on n’en voit qu’à Barcelone. Le soleil brille, il fait chaud mais pas trop, bref, le temps est parfait. « On a de la chance, et je croise les doigts pour qu’à Montpellier, à mon mariage samedi prochain, ce soit la même chose », confie Sandra, 31 ans, qui célèbre ce week-end son enterrement de vie de jeune fille. La Toulousaine d’origine fait partie des très nombreuses Françaises à être venues faire la fête dans la cité comtale.
Attention, pas la fête un peu kitsch à laquelle on s’attend parfois dans ce genre d’évènements. « On est spécialisés dans les prestations tendances, nos clientes sont posées, ce ne sont pas des beaufs », confirme Svetlana, responsable de MyEVJF Barcelone l’entreprise française par laquelle est passé notre groupe de Toulousaines. Tendance et visiblement populaire : en 2024, la compagnie a organisé 500 évènements du genre en Espagne et généré 200 000 euros de chiffre d’affaires. Une belle somme, mais une goutte d’eau dans l’océan des 300 millions d’euros que génère ce type de business dans toute l’Espagne chaque année.
À Barcelone, ce genre de fêtes était par le passé très remarquable et occupait beaucoup l’espace public, importunant les citoyens et les autres vacanciers, jusqu’à ce que le maire Jaume Collboni fasse de la lutte contre le tourisme « bas de gamme » sa priorité. En 2023, il avait notamment alourdi les amendes concernant des délits souvent commis par les participants de ce genre d’événements : 600 euros pour ivresse dans la rue, 300 euros pour quiconque urine sur la voie publique.
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En conséquence, les organisateurs s’éloignent petit à petit des sempiternels stripteases et karaokés qui ne font plus rire ni les fêtards ni les citoyens des villes investies, pour proposer de nouvelles formules davantage dans l’ère du temps, et plus en accord avec la politique de Barcelone, comme celui de Sandra.
Un itinéraire loin des attrape-touristes
« Ce n’est pas donné mais ça vaut le coup », affirme Élodie, une des demoiselles d’honneur de Sandra. Ce voyage, elles l’ont organisé à 5 et ont déboursé 1300 euros pour un pack de 4 prestations : shooting photo, brunch, chasse au trésor et spa. Ce dimanche, nous accompagnons le petit groupe lors de la chasse au trésor qui les emmènent d’indice en indice le long des rues du Born et de Ciutat Vella, jusqu’à ce que la mariée (spoiler) découvre un bijou cadeau à la fin du parcours. Pour presque la moitié d’entre elles, c’est la première fois à Barcelone.
Au commencement de cette chasse un peu particulière, un sac avec des pochettes cadeaux et un livret, donnant page après page des indications sur la route à suivre avec des énigmes à résoudre et des défis à relever pour passer à l’étape suivante.
À 6 cerveaux, les filles s’en sortent bien et profitent de cet itinéraire pour découvrir la ville et admire rson architecture « loin des attrape-touristes », apprécie Clara, la belle-soeur de la future mariée. « Le fait que tout soit organisé d’avance nous enlève une charge mentale. On ne finit pas dans des restaurants ou des endroits envahis de touristes, c’est super agréable » continue cette blonde, dans la vingtaine.
Mise à part la traditionnelle sortie à la Barceloneta la veille, rien de ce que font les filles lors de ce week-end ne rentre dans les « codes » des EVJF. Serions-nous donc à un tournant dans cette tradition bruyante ? Chez les Français, sans doute. Car outre le discret serre-tête « Bride » que porte Sandra et des lunettes de soleil en formes de coeur portées par l’ensemble des futures demoiselles d’honneur, personne ne pourrait deviner la raison de la présence des sudistes ici. Ne dit-on pas, d’ailleurs, que « pour vivre heureux, vivons cachés » ?