Avec l’hallucinante augmentation des loyers en Espagne, les chiffres sont cruels : les locataires ont deux fois plus de risque de tomber dans la pauvreté que leurs propriétaires. L’Espagne est l’un des pays d’Europe oú la situation est très compliquée pour les locataires.
Photo de couverture : Bérenger Cyne
La crise du logement en Espagne, et particulièrement celle du marché locatif, accentue cette fracture socio-économique entre locataires et propriétaires. Contrairement à la crise immobilière de 2008, les Européens propriétaires aujourd’hui disposent d’un patrimoine relativement stable, tandis que les locataires voient une part toujours plus importante de leur salaire absorbée par des loyers en constante augmentation.
35 % des locataires, soit 2,5 millions de personnes, sont aujourd’hui exposés au risque de pauvreté, c’est-à-dire qu’ils disposent d’un revenu inférieur à 60 % de la moyenne nationale.
Si les loyers des propriétaires explosent, particulièrement à Barcelone, en bord de mer et à Madrid, il ne faut pas compter sur les logements sociaux pour trouver de l’oxygène. L’Espagne ne dispose que 1,1% de logements publics, contre 7% dans le reste de l’Europe. Et justement, le pays est à la traine dans l’UE.
Des disparités entre pays européens
Si les causes de la crise du logement sont similaires dans de nombreux pays européens, tous ne sont pas touchés de la même manière. L’Espagne se trouve dans la liste des pays à risque pour les locataires, aux côtés des pays baltes, de la Slovaquie, et des Pays-Bas sont parmi les plus exposés à la pauvreté. Si près de 4 locataires 10 sont menacés de pauvreté n Lituanie comme en Espagne, ils ne sont que 16,8 % au Portugal.
L’Espagne, un pays encore majoritairement de propriétaires
On trouve une explication à ce phénomène en analysant le parc immobilier. Si la moitié des jeunes de moins de 34 ans, vivent en location (chiffre gonflé avec les personnes venues de l’étranger), 75,3 % de la population globale est propriétaire. Au vu du rapport de force inégal, la législation penche toujours en défaveur des locataires. Pas de trêve hivernale pour protéger les plus démunis, expulsion expresse en moins de trois mois pour les personnes ayant du retard dans le paiement de leur échéance, augmentation sans fin des loyers, aucune aide au logement dans le style des APL françaises : la liste parait interminable. D’ailleurs, au Parlement espagnol, en 2022, 19,2 % des députés étaient propriétaires d’appartements. Pour l’anecdote, le record appartient à une députée socialise de la circonscription de Barcelone qui dispose de 13 logements répartis sur tout le département.