Dîner sans cris aigus ou profiter de son hôtel sans les cavalcades des petits, c’est le nouveau luxe que proposent de plus en plus d’établissements espagnols. Un concept anti-enfants qui suscite le débat.
Photo de couverture : Joanna Chichelnitsky – mairie de Barcelone
« Interdit aux enfants ». Ce n’est pas ce qui est écrit en toutes lettres sur le fronton des établissements, mais le message de la part des propriétaires est clair : les charmants garnements ne sont pas les bienvenus. Après le Japon et le Brésil, l’Espagne est le troisième pays avec le plus de structures réservées aux plus de 18 ans.
Selon la plateforme Hotels Combined, les localités comptant le plus d’établissements de ce genre sont Maspalomas (Gran Canaria), Palma et Santa Eulària des Riu à Ibiza. Face à cette tendance croissante, de nombreux restaurateurs et hôteliers espagnols se lancent eux aussi dans l’aventure des « adults only » pour attirer un marché qui semble stable et rémunérateur.
« Il s’agit d’une discrimination flagrante »
Mais au coeur de ce nouveau business florissant réside un débat éthique. La discrimination infantile existe-t-elle, et si oui, peut-elle être justifiée ? Pour Iván Rodríguez, membre du comité de recherche en sociologie de l’enfance à la Fédération espagnole de sociologie (FES), c’est une aberration, explique-t-il à « La Vanguardia » : « il est curieux que l’exclusion des enfants des restaurants et des hôtels ne génère aucun conflit éthique, alors qu’il s’agit d’une discrimination flagrante. Cela paraît moins choquant avec les enfants, probablement parce qu’ils ont du mal à se défendre et que ceux qui garantissent leurs droits sont précisément des adultes ».
De leur côté, les adultes adeptes de la pratique revendiquent des quotidiens chargés et la volonté de se détendre dans des cadres paisibles, loin du tumulte créé par les jeunes souvent turbulents. Il y a également ceux qui ont déjà été parents et ont soupé de la cacophonie, comme Marta, 52 ans, qui après avoir élevé ses enfants, choisit toujours ce type d’endroit : « j’ai déjà vécu la période des voyages avec enfants, et maintenant que je peux me le permettre, j’aime être tranquille ».
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Ceux qui sont du côté de Marta clament aussi que de nombreuses autres options existent pour les familles. Leurs détracteurs s’en offusquent, et critiquent une discrimination opérée sur une communauté vulnérable. Le professeur, lui, plaide pour des espaces inclusifs et appelle les adultes à changer leur regard plutôt que de créer des espaces sans enfants, qui représentent une part essentielle de la société.