Barcelone est l’une des villes les plus prisées par les expatriés. Parmi eux, des familles décident de s’y installer. Entre soleil, mélange de cultures, modernité, mais aussi vie chère, pollution et surpopulation, la cité comtale est-elle une ville adaptée pour les familles avec de jeunes enfants ? Témoignages.
Photo : Clémentine Laurent Photographie
Quitter son pays natal pour rejoindre de nouvelles contrées est bien souvent une grande source d’interrogations. Si Barcelone est incontestablement l’une des métropoles les plus attrayantes pour les Français désireux de s’expatrier seul ou en couple, pour les familles avec enfants prêtes à rejoindre la cité comtale, de nombreux facteurs sont à prendre en compte pour optimiser leur intégration. Pour Equinox, des parents français installés dans la capitale catalane partagent leurs expériences. C’est le cas de Barbara. Elle a décidé de quitter Bordeaux en 2022 pour rejoindre Barcelone avec son époux et leurs trois enfants. Pour le couple, la cité comtale était une évidence. « On s’y sentait bien quand on venait en vacances. On trouvait que le quotidien était plus simple, notamment avec les enfants », confie-t-elle.
Parmi les arguments en faveur de Barcelone, « le climat doux, l’ouverture d’esprit et les nombreux parcs », ont indéniablement conquis Barbara. Ainsi, après la mutation de son mari en Espagne et leur installation, dans un premier temps dans le quartier de Sant Gervasi, puis dans l’Eixample, les parents Français ont décidé d’inscrire leurs trois enfants de 13, 8 et 3 ans dans une école concertada. Un établissement semi-privé qui présente plusieurs avantages selon Barbara, qui explique par ailleurs que l’offre des écoles à Barcelone est bien plus importante et intéressante qu’en France.
Pléthore d’écoles
Le nombre d’écoles est l’un des points forts de Barcelone. Les parents français peuvent effectivement choisir de scolariser leur enfant dans une école catalane publique ou privée, mais aussi française, britannique ou américaine. Une pluralité qui a séduit Nadège, Française établie dans la capitale catalane depuis six ans avec ses deux enfants finalement scolarisés dans une école catalane. « Je trouve que les systèmes étrangers sont un peu plus pédagogues que le système français, les enfants apprennent à réfléchir et ne se contentent pas d’apprendre par cœur des leçons », affirme la native de Belfort.
Un constat corroboré par Véronique, parisienne arrivée également en 2022 à Barcelone. Elle note une pédagogie plus moderne au sein de l’école catalane où elle a scolarisé ses enfants de 9 et 11 ans. « Ici, les enfants apprennent à travers des jeux, des expériences, des activités. Je trouve qu’ils s’épanouissent beaucoup plus comme ça. Il y a un côté bienveillant et ludique dont la France pourrait s’inspirer. »
En parallèle, les écoles françaises de Barcelone se différencient aussi du système français. « Comme nous sommes une école française à l’étranger, nous suivons le programme français, mais nous sommes plus autonomes. Nous développons des projets indépendants, en stimulant le plurilinguisme par exemple », soulignait Semia Duval, directrice de l’école française Ferdinand de Lesseps.
L’éducation a un coût
Du côté de Barbara, l’école concertada est le bon compromis pour permettre à ses enfants de s’imprégner de la culture du pays d’accueil tout en étant tourné vers l’international. « Dans les écoles publiques, c’est 70 % de catalans, et ce n’était pas forcément le choix qu’on voulait faire pour eux. Dans les écoles type concertada, la majorité du temps, c’est un tiers de catalan, un tiers de castillan et un tiers d’anglais. On trouve cela génial pour eux », se réjouit-elle.
Si les écoles en Espagne semblent faire l’unanimité, Barbara met néanmoins en garde sur le coût des établissements. « L’éducation coûte beaucoup plus cher en Espagne, même en étant en école locale. C’est le point qu’il faut prendre en compte quand on veut s’installer à Barcelone. Je me dis souvent que l’on fait un cadeau à nos enfants en leur permettant d’apprendre l’espagnol, le catalan et l’anglais. Mais derrière, il y a des coûts de scolarité qui n’existent pas autant quand tu es en France », insiste-t-elle, tout comme la Parisienne Véronique qui apprécie le matériel scolaire fourni et la qualité de la garderie en Espagne, qui est « certes plus onéreuse mais présente des activités plus développées ».
Ville polluée…
La pollution aussi bien atmosphérique que sonore de Barcelone suscite aussi le questionnement des parents. Si la métamorphose de Barcelone se poursuit, entre multiplication de pistes cyclables et développement des transports en commun, notamment avec la construction d’une nouvelle ligne de tramway, les parents français de Barcelone se disent plutôt préoccupés par la pollution à Barcelone.
« J’espère que la ville va continuer d’évoluer pour limiter la circulation des voitures. On rêve d’une ville comme Amsterdam ou Copenhague où il n’y a que des vélos », souhaite l’ancienne parisienne Véronique. De son côté, Nadège surveille aussi attentivement la situation. « Cela n’est pas un réel stress, mais en tant que parents, on y fait attention. On essaye de sortir de la ville quand il y a un pic de pollution, et si la santé de l’un d’entre nous se dégrade, cela serait un point déterminant pour déménager. »
Par ailleurs, la pollution sonore, véritable fléau invisible dans la capitale catalane, ne laisse pas indifférents les habitants de la ville.« La pollution sonore est réelle, c’est d’ailleurs ce qui fait qu’on a choisi d’acheter un bien donnant sur cour intérieure pour ne plus avoir à subir cette pollution sonore qu’on avait par exemple à Sant Gervasi, dans notre appartement qui donnait sur une rue », admet l’ancienne Bordelaise Barbara. Et pour cause, selon l’annuaire de la pollution de l’association Contaminació Barcelona, environ 55 % des Barcelonais vivent dans des zones où les niveaux de bruit dépassent les recommandations de l’OMS en journée et 57 % la nuit. L’organisation recommande de ne pas être exposé à plus de 65 décibels le jour et 55 la nuit. Selon les limites fixées par la norme municipale, 34 % des habitants supportent une pollution sonore supérieure de jour et 33 % de nuit.
… mais dotée de nombreux parcs adaptés aux enfants
Néanmoins, pour les parents français, Barcelone présente un nombre suffisant de parcs, propices à l’épanouissement de leurs bambins. « Souvent, on dit qu’à Barcelone, il n’y a pas trop d’espaces verts et que c’est pollué, c’est peut-être juste, mais à l’heure actuelle, ce n’est pas ce qui va m’empêcher de rester vivre ici. D’autant plus que malgré la bétonnisation de Barcelone, en termes de parcs, la ville est plutôt bien lotie », estime Barbara.
Photo : Paola de Grenet/Ajuntament
Dans son quartier de l’Eixample, elle compte environ six parcs différents situés à moins de cinq minutes à pied. « Dans ces parcs, il y a des trampolines, des tyroliennes, des bacs à sable… C’est varié et avec mes enfants, on peut changer de lieux afin qu’ils se défoulent sans se lasser « , partage l’ex-Bordelaise.
Barcelone, la capitale cosmopolite
Tous les parents sont néanmoins d’accord sur un point : la capitale catalane est cosmopolite. « À Barcelone, les enfants sont élevés dans un univers très divers en termes de culture, et les écoles catalanes y contribuent beaucoup en étant très ouvertes aux autres cultures. C’est une vraie richesse ! », assure Barbara. Nadège ne regrette pas non plus son choix de s’être installée à Barcelone : « Même s’il y a de petits inconvénients,, Barcelone propose un cadre de vie très privilégié pour une famille. Nos enfants adorent la ville et ses atouts entre la mer, les activités proposées dans les écoles ou encore pouvoir apprendre plusieurs langues à la fois ! »
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