Ouigo, toujours en quête de rentabilité en Espagne

La filiale française cumule 121 millions d’euros de pertes depuis son implantation sur le marché espagnol. Elle espère commencer à faire des bénéfices en 2025. 

En moins de cinq ans, Ouigo s’est imposé comme un acteur phare du marché ferroviaire espagnol. La filiale low cost de la SNCF s’octroie actuellement 20% de parts de marché et compte bien en grappiller davantage. Mais à quel prix. Lancés administrativement en 2019 et sur les rails espagnols en 2021, les TGV Ouigo ont ouvertement misé sur la guerre des prix face à l’opérateur national Renfe. Avec l’arrivée d’un troisième opérateur, Iryo, la lutte s’est intensifiée, faisant au passage chuter le prix moyen du TGV, en particulier le Madrid-Barcelone.

La guerre est si âpre, en particulier pour la Renfe, que le ministre des Transports Oscar Puente est plusieurs fois monté au créneau contre la compagnie française, l’accusant de dumping et de pertes de 40 millions par an. De fait, depuis son lancement, Ouigo a toujours présenté des comptes déficitaires :  1,91 million en 2019, 8,4 millions en 2020, 31,7 millions en 2021 et 43 millions en 2023, sa pire année. De la concurrence déloyale en bonne et due forme selon l’opérateur espagnol. « Ce sont des pertes colossales, payées avec l’argent du contribuable et ça n’émeut personne en France ! », s’indignait récemment un cadre de la Renfe interrogé par Equinox.

Un modèle économique validé par l’autorité de la concurrence

Face aux attaques espagnoles, la SNCF avait répondu avec humour que c’était bien la première fois qu’on lui reprochait de ne pas être assez chère. De son côté, la Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC) ne voit pas le modèle économique de Ouigo comme de la concurrence déloyale.

Dans son rapport sur le bilan de la libéralisation du transport ferroviaire de voyageurs, elle souligne que l’entrée sur un marché tel que celui des chemins de fer est « coûteuse », de sorte qu’« on ne peut pas s’attendre à des bénéfices au début de l’activité » pour les nouveaux opérateurs. « Cette faible progression des recettes, conjuguée à la hausse des coûts, due entre autres à l’augmentation du coût de l’énergie, explique les résultats négatifs de la plupart des entreprises et enseignes commerciales », ajoute-t-elle. Ouigo ne compte pas freiner son expansion dans la péninsule ibérique. La compagnie a inauguré la semaine dernière une nouvelle ligne entre Madrid et Murcie.

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