Pannes, retards et immobilisations de trains ont poussé le gouvernement espagnol à réclamer des compensations financières au constructeur des nouveaux TGV de la Renfe.
Mai 2024. L’opérateur espagnol annonce en grande pompe qu’il renforce ses services de TGV avec le modèle S106 du constructeur Talgo. « La grande capacité des nouveaux trains, avec plus de 500 sièges par unité, permettra à la compagnie espagnole de quadrupler le nombre de sièges offerts en France », annonçait le communiqué de presse. Le modèle était alors utilisé pour les lignes reliant Madrid à la Galice et aux Asturies, il le serait ensuite sur le réseau français, en prévision des liaisons Paris-Lyon-Marseille et Paris-Barcelone attendues pour la fin de l’année.
L’intérieur des trains S106 de Talgo – Photo Renfe
Mais la lune de miel n’aura pas duré longtemps. Dès sa mise en service, le S106 subit des dysfonctionnements qui provoquent des retards voire des immobilisations. Au total, près de 500 incidents ont été comptabilisés en deux mois et demi, dont 14 ont nécessité le transfert des passagers selon un rapport publié par l’opérateur espagnol. Désormais, seuls 4 trains sur 10 de la Renfe arrivent à l’heure, par rapport à près de 8 sur 10 avant l’arrivée du nouveau modèle. Des chiffres qui mettent à mal l’image de marque de l’opérateur historique, déjà en difficulté depuis l’ouverture à la concurrence des chemins de fer espagnols.
Trois plaintes contre Talgo
Mais c’est l’incident du 5 août dernier, qui a immobilisé 500 personnes dans un tunnel de Madrid durant deux heures, qui a poussé la Renfe à demander des dommages et intérêts à Talgo. Deux plaintes ont été déposées et sont actuellement à l’étude. Elles s’ajoutent à une plainte antérieure réclamant au constructeur 167 millions d’euros pour ses deux ans de retard dans la livraison de ces fameux modèles de TGV.
Selon le ministre des Transports Oscar Puentes, 57% des problèmes sont liés au matériel moteur et devraient donc pouvoir être réglés rapidement. Il a également indiqué avoir « mis en œuvre des mesures immédiates pour inverser cette situation », notamment en octroyant à Talgo l’accès aux outils de service en ligne pour y faire intervenir ses experts techniques.