C’est une première dans l’histoire de l’Espagne, le pays compte plus d’athées et de non-croyants que de catholiques pratiquants. Retour sur ce phénomène de société.
C’est un petit séisme dans la contrée des Rois catholiques. En Espagne, le nombre d’athées, d’agnostiques et de non-croyants est supérieur au nombre de catholiques pratiquants. Une première dans l’histoire de la péninsule ibérique. Ce constat a été établi grâce à l’étude menée par le Centre de recherche en sociologie espagnol (CIS), et publiée en juillet dernier. Il revient sur le rapport à la religion des Espagnols ainsi qu’à leur pratique.
Moins de catholiques pratiquants en Espagne
Dans les faits, le pourcentage de catholiques en Espagne est encore conséquent. Et pour cause, 66,3 % des habitants s’identifient encore à cette religion. Cependant, à l’heure d’aller à la messe ou de se confesser, les Espagnols répondent moins présent. Seulement 22,7 % des sondés confient se rendre à la messe. Dans le détail, ce chiffre rencontre d’importantes disparités selon les régions de la péninsule. À titre de comparaison, 10,9 % des Espagnols vivant en Catalogne sont pratiquants, contre 40 % à La Rioja, à l’ouest de l’Espagne.
Néanmoins, le nombre d’athées et de non-croyants connaît une percée inédite en Espagne. En effet, 8,5 % des Espagnols s’estiment agnostiques, les non-croyants/indifférents s’élèvent à 8,3 % et les athées représentent 13,3 % de la population selon les chiffres du CIS. Un chiffre total de 29,1 % qui est donc, pour la première fois, supérieur à celui des catholiques pratiquants.
Césure entre l’Espagne industrielle et agricole
L’enquête dépeint également une péninsule ibérique scindée en deux parties. D’un côté, les régions les plus modernes, dans lesquelles il y a un mélange religieux et culturel, Catalogne, Madrid et Pays basque en tête. A contrario, en Andalousie, dans la région valencienne et en Estrémadure, l’Église catholique a encore une grande influence.
Selon El Diario, l’enquête rejoint le constat du livre de Manuel Azaña : L’Espagne n’est plus catholique. L’auteur du livre, homme politique de premier plan, a grandement contribué à la séparation des Églises et de l’État. L’Espagne s’inscrit surtout dans une tendance globale au niveau européen, notamment en France.
Même son de cloche en France
La France fait également face à un déclin de l’engagement catholique. Selon les chiffres de l’Insee, en 2023, 50 % des Français se disaient catholiques. Parmi eux, 12 % confient assister à la messe chaque semaine. À l’opposée 40 % déclarent être athées.
L’étude de l’Insee montre également que les processus de transmission religieuse entre générations en France façonnent le paysage religieux sur le long terme. « 69 % des personnes élevées dans une famille catholique suivent la religion de leurs parents », indique l’Insee. Cependant, dans l’Hexagone, cette transmission est plus forte chez les musulmans (91 %) et les juifs (84 %). Par ailleurs, à caractéristiques identiques, le fait d’avoir grandi dans une famille d’ascendance religieuse mixte ou catholique est déterminant dans le processus de sécularisation des descendants d’immigrés.