Recruter des Français à Barcelone, le casse-tête des patrons

Embaucher en français à distance depuis Barcelone n’est pas une mince affaire. Pour les candidats en France comme pour les entreprises implantées ici, l’embauche doublée d’une expatriation représente un risque, parfois ensuite amèrement regretté.

Photo de couverture : Vicente Zambrano González – mairie de Barcelone

« On peut avoir le sentiment que certains parmi les talents français peuvent être plus intéressés par le lifestyle que le travail, il suffit de demander le taux d’absentéisme du lundi suivant le Sonar », explique en riant jaune Guillaume Rostand, président de la French Tech, l’association des start-ups françaises de Barcelone. L’expert de ce marché du travail francophone ici le sait, le recrutement est souvent un vrai casse-tête.

Avec sa réputation de ville détendue, le statut de Barcelone n’aide pas les patrons à savoir si leurs candidats ne sont pas plus attirés par la fête, la plage et les vermouths que par le travail. La faute de l’ambiance de la cité comtale ? Pas que, répond Antoine Détis, à la tête de Tool4staffing, justement une entreprise spécialisée dans le recrutement. « C’est un peu facile de dire que quand on se trompe dans son recrutement c’est la faute de Barcelone. Recruter c’est difficile, à titre personnel je me suis trompé sur environ 15% à 20% de mes recrutements ». 

Catalogne

Photo : Clémentine Laurent

Comment savoir, en effet, si la recrue est sérieuse ou non ? À chacun sa méthode. Certaines entreprises font appel à des tests de personnalité, d’autres utilisent des techniques plus classiques comme le fameux « où vous imaginez-vous dans 2 ans ? », quand certaines préfèrent une honnêteté brutale. « Plutôt que de taire ce sujet, je mets souvent les pieds dans le plat directement, quitte à désarçonner le candidat : il sait que je sais et donc il va avoir du mal à me mentir. ⁠Il faut faire un « pacte » presque officiel – surtout avec les candidats jeunes : oui Barcelone est pleine de tentation. On le sait, mais il faut trouver un deal. Donc, ma méthode, c’est d’être très cash », explique Guillaume Rostand.

Le défi de l’expatriation

Ce sont en effet souvent les profils juniors ou les stagiaires qui abordent leur nouvelle vie avec moins de discipline que leurs aînés et peuvent s’avérer moins sérieux. Pour autant, intéresser ces candidats est aussi un effort à fournir de la part de l’entreprise, martèle Antoine Détis, excédé par le vieux discours du « ces jeunes ne sont bons à rien » : « ils n’ont pas les mêmes aspirations que nous et c’est intéressant de trouver comment les motiver. Ils valorisent le salaire, la séparation pro/perso, le fait d’avoir des fiches de poste claires. C’est aussi à nous, entreprises, de se challenger ». Aujourd’hui, après des années d’expérience, le quarantenaire valorise l’appel de référence, un moyen sûr de vérifier le sérieux d’une personne. 

Après le recrutement, le défi n’est toujours pas terminé. Ces néo-expatriés évaluent parfois mal leur capacité d’adaptation et décident de rentrer après quelques mois. Certains pour revenir auprès de l’amoureux ou l’amoureuse resté dans l’Hexagone, d’autres souffrent d’un mal du pays exacerbé…

Antoine Détis en a vu passer, des salariés qui repartent vite : « les gens ne mesurent pas qu’il y a des trucs durs à vivre dans l’expatriation. On a de la chance quand un employé reste 3 ans : on le sait, Barcelone n’est vue que comme une parenthèse ». Une parenthèse qu’il faut toutefois savoir rendre agréable en joignant détente à l’espagnole et sérieux dans le travail. Un équilibre que beaucoup de Français de Barcelone maitrisent heureusement parfaitement.

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