L’isolation à Barcelone reste un défi majeur pour les habitants, particulièrement en été. Dans une ville où les constructions anciennes laissent la chaleur s’infiltrer, et où les bâtiments plus récents ne sont pas toujours à la hauteur des normes modernes, les logements se transforment en saunas en été et en frigos en hiver.
L’été à Barcelone, c’est un peu la roulette russe de l’isolation. D’un côté, les appartements anciens, construits sans les normes modernes, laissent la chaleur s’infiltrer sans vergogne. De l’autre, les constructions plus récentes, si elles sont mieux isolées, n’échappent pas toujours à la canicule. Les logements, souvent mal isolés, se transforment en véritables saunas en été et en frigos en hiver. Car si les températures hivernales à Barcelone sont généralement douces, les nuits peuvent être rudes. Et là encore, l’isolation défaillante de nombreux logements se fait cruellement ressentir. Adieu les soirées cocooning au coin du radiateur, bonjour les frileux emmitouflés dans des couches de vêtements.
Le chauffage ? Un luxe rare. Si certains chanceux peuvent compter sur des radiateurs ou une climatisation réversible, la plupart des Barcelonais doivent se contenter de solutions alternatives.
« Il y a un problème, mais il n’est pas généralisé en Espagne », nuance Enrique Gomez de La Peña, de l’équipe technique de prescription et de durabilité de Saint-Gobain. « Le problème réside dans certaines zones méditerranéennes où, historiquement, le climat était très doux. Par exemple, dans les années 60 et 70, la priorité n’était pas de climatiser les bâtiments, mais de construire rapidement de nombreux logements pour accueillir une population en pleine migration des campagnes vers les villes. Dans ces régions au climat plus clément, comme Barcelone, on peut encore trouver des logements de cette époque sans climatisation », explique-t-il.
Une majorité de bâtiments à la mauvaise isolation à Barcelone
Sur les 26 millions de logements actuellement existants en Espagne, près de 14 millions ont été construits avant l’existence de toute norme, nous explique Luis Mateo, directeur général de Andimat. Environ 10 millions et demi ont été construits selon la norme de 1979 (très peu exigeante) qui régissait la construction jusqu’à l’adoption du Code Technique de la Construction (CTE), et un peu plus d’un million de bâtiments ont été construits après l’adoption de cette norme en 2006. Résultat : « L’Espagne possède l’un des parcs immobiliers les plus anciens et inefficaces du continent », affirme Marta Vall-llossera, présidente du CSCAE.
« Dans le cas de Barcelone, comme dans de nombreuses localités côtières d’Espagne, l’isolation thermique a traditionnellement été considérée comme nécessaire pour se protéger du froid, mais pas de la chaleur », indique Luis Mateo. Cela a conduit à ce que ces villes, avec des températures plus clémentes, présentent davantage de lacunes en matière d’isolation dans leur parc immobilier.
Les logements souffrent souvent d’une très mauvaise isolation à Barcelone.
« Il faut comprendre que traditionnellement, il fait froid en Europe et moins en Espagne. L’isolation n’a pas été une priorité en Espagne jusqu’à récemment », dit Enrique Gomez. « Cependant, cette dynamique a changé, et aujourd’hui, c’est une priorité. Les bâtiments anciens ne sont pas bien isolés par rapport à d’autres pays européens où des bâtiments très anciens ont de bonnes parois isolantes. »
Bonne nouvelle toutefois : les choses évoluent. « De nos jours, il est impensable de construire un nouveau bâtiment à Barcelone ou dans toute autre région au climat chaud sans prévoir un système de climatisation. Avec le changement climatique et des températures de plus en plus extrêmes, la climatisation devient indispensable. Aujourd’hui, la construction de bâtiments avec des radiateurs est courante, y compris à Barcelone », souligne Enrique Gomez de La Peña. La surchauffe des bâtiments, due aux vagues de chaleur continues résultant du changement climatique, est ainsi devenue un problème qui affecte 60% des immeubles, détaille Alfredo Sanz, président du Conseil Général de l’Architecture Technique d’Espagne (CGATE).
Améliorer l’isolation à Barcelone, un chemin semé d’embûches
Malheureusement, tout cela a un coût. « S’il s’agit d’une réhabilitation intégrale, améliorer l’isolation dans un immeuble peut représenter entre 50 et 60% du coût total, en fonction de la hauteur du bâtiment et du matériau utilisé, et à condition d’intervenir sur l’ensemble de l’enveloppe (toit, façade, sol et fenêtres) », nous explique Alfredo Sanz.
Résultat : le parc immobilier espagnol souffre d’un « vieillissement dû à l’absence d’une véritable culture de la réhabilitation, favorisée en grande partie par la méconnaissance de nos bâtiments », souligne Marta Vall-llossera. « Tandis que des pays comme l’Allemagne ou la France réhabilitent leur parc immobilier à un rythme de 1,5% à 2% par an – un taux que l’UE recommande depuis des années d’élever à 3 % pour atteindre l’objectif d’un secteur décarboné en 2050 -, en Espagne, il n’a pratiquement jamais existé de culture de la conservation et de l’entretien des logements et des bâtiments. »
Tout n’est donc pas encore rose pour l’isolation à Barcelone : selon Luis Mateo, malgré les dernières mises à jour de la réglementation thermique des bâtiments, il existe une marge d’amélioration évidente en Espagne. « Nous restons éloignés des exigences des pays d’Europe autour de nous », note-t-il. La route vers un parc immobilier plus performant est encore longue, mais on s’accroche à l’espoir de premières mesures sont encourageantes. Reste-t-il encore à convaincre les propriétaires de l’intérêt de ces investissements à long terme…